mardi 5 février 2013

Chapitre 4 - Moi, Lily, Artiste Céleste




✭                     Affrontement                  

  Chapitre 3                                                                                                           Chapitre 5 

Lily devait faire un choix. Devait-elle faire semblant d’être absente de peur de tomber sur Sirius ou devait-elle affronter la personne qui se trouvait derrière cette porte, quelle qu’elle soit ?



Le temps qu’elle prit pour réfléchir à la question la fit presque se sentir ridicule. Quelle trouillarde faisait-elle ! Pourquoi se cacher, à quoi cela servirait ? Les problèmes viendraient de toute façon déposer leur amas de sacs de noeuds au pied de sa porte, qu’elle l’ouvre ou pas.

Elle posa délicatement son pinceau et soupira tout en se levant. Elle pressa le pas en entendant une seconde sonnerie, mit sa main sur la poignée et ouvrit la porte sans prendre le temps de regarder par le judas, trop occupée à s’encourager mentalement.

La jeune Evans aurait d’ailleurs dû réfléchir à ce judas un peu plus avant de toucher à sa porte d’entrée car elle reçut un puissant électrochoc à la vue du jeune homme qui se trouvait maintenant devant elle. Son coeur s'affola et en quelques secondes, sa bouche devint sèche. La surprise se vit sur son visage tout comme un autre mélange d’émotions contradictoires qui pouvait se traduire, entre autre, par de l’espoir et de la colère.
« Dereck...lâcha-t-elle d’une voix tremblotante, trahissant le flot d’émotion qui la submergeait.
_ Lily...répliqua son ancien amoureux sur un ton détendu, ne semblant ressentir aucune gêne de provoquer une telle surprise chez la rouquine ; il en était même plutôt flatté.
_ Je...Mais qu’est-ce que...? »

Les mots moururent dans sa gorge tant les idées sur l’hypothèse de cette visite se bousculaient. Devait-elle espérer ? Ou bien être furieuse ? Jouer l’indifférence ? Quelle technique pouvait-elle adopter pour s’en sortir avec le moins de blessure sentimentale possible ?

« Tu as l’air surprise de me voir, fit-il remarquer tout en changeant de position pour s’appuyer avec flegme contre la chambranle.
_ Tu as raison, concéda-t-elle, trop choquée pour pouvoir répondre avec ironie ou même désintéressement.
_ Je t’ai connue plus bavarde, ajouta-t-il avec un certain recul sur la situation qui commença à sérieusement blesser Lily.
_ Tu m’as aussi connue moins d...triste. Je pense que ma réaction est plus que justifiée vu ce que tu m’as dit.
_ Je ne dis pas le contraire, je dis simplement que cela aurait pu être fait avec plus de caractère. Tu aurais pu me haïr profondément, te mettre à me hurler dessus jusqu’à ce que mes tympans saignent...Je ne sais pas moi, quelque chose de plus...vibrant. »

Dereck ressentait une certaine satisfaction à la critiquer. Il ne savait pas trop pourquoi et il ne cherchait pas non plus à le comprendre. Ce n’était pas forcément par sadisme. Ce qui pouvait expliquer le comportement du beau blond, c’était son besoin de se convaincre que la rouquine n’était pas une fille si géniale que ça. Cela rendait son choix plus logique et plus facile à assumer. Bien sûr que c’était le meilleur pour lui, sa carrière montante valait bien plus que Lily. Voilà ce dont il essayait de se convaincre, puisque sa carrière rimait avec Tamara et que cette dernière ne supportait pas Lily. Il savait donc ce qui lui restait à faire.

Lily était peinée par la teneur des propos du chanteur-pianiste. Selon lui, même dans sa colère, elle manquait de personnalité. Ce n'était pas faux, après tout elle était là à lui parler et à se justifier au lieu de lui donner une bonne gifle et de lui claquer la porte au nez. Mais elle ne pouvait pas s'y résoudre, une partie d'elle avait espéré un contact, encore un, même rien qu'un seul. Elle n'avait par contre pas imaginé qu'elle allait se prendre d'autres critiques en pleine tête. C'était vraiment rude.

« Tu attends peut-être que je m'excuse de te décevoir ?
_ J'ai pas dit ça, j'exprime ce que je pense c'est tout, répondit-il avec une innocence feinte à laquelle la jeune femme crut.
_ Et bien j'ai pas besoin de connaître tes états d'âme ! s'agaça-t-elle, sur la défensive.
_ 'Faudrait savoir ! T'as pas arrêté de te plaindre que j'en disais jamais assez sur mes sentiments...la coinça le beau blond avec une mauvaise foi évidente. »

La rouquine aux yeux fatigués soupira et ne prit même pas la peine de répondre. Elle regretta amèrement d'avoir espéré un retour, elle se trouvait stupide. Et maintenant, le plus ironique, c'est qu'elle craignait de lui demander la raison de sa visite. Et s'il arrivait encore à lui faire mal ? Et si elle se mettait encore à pleurer devant lui ? Jusqu'où pourrait-elle être humiliée ?

« Pourquoi tu ne m'invites pas à rentrer ? Moi aussi j'ai vécu dans cet appart' même si c'est ton nom qui est sur le contrat...
_ Oui mais c'est toi qui a décidé de tout plaquer, grinça Lily, les poings serrés mais se reculant malgré tout pour le laisser passer.
_ Tu as tort, répliqua presque cruellement Dereck en passant la porte, c'est seulement toi que je veux plaquer. »

La jeune artiste peintre marqua un temps d'arrêt, trop ébranlée par cette vérité crue pour y répondre tout de suite. Quel était le but de cette révélation ? Voulait-il la faire souffrir ? À quoi cela pouvait-il bien lui servir, si elle le lassait et qu’il ne voulait plus d’elle ? Une chose était sûre, cela faisait mal.

« Rien n’a changé, fit-il remarquer après avoir fait un bref tour de l’appartement. Tu n’as même pas fait le ménage après notre dernière nuit ici....On dirait que tu ne t’es pas encore décidé à faire un trait sur moi.
_ Pourquoi fais-tu toutes ses remarques ? Tu comptes revenir, peut-être ? »
Une lueur s’éclaira dans le regard du bel homme que Lily interpréta comme le feu d’une passion éteinte alors que c’était en fait un simple sentiment de puissance qui le submergeait à ce moment-là ; il avait le pouvoir.
Il s’approcha à quelques centimètres d’elle, appréciant de voir ses yeux d’émeraude s’écarquiller. Elle avait vraiment de jolis yeux, c’était vrai. En fait, elle était même agréable à regarder toute entière.

« Si je compte revenir ? répéta-t-il avec un sourire prédateur. Pourquoi, tu en as envie ?
_ Ce n’est pas la qu...
_ J’ai dit, la coupa Dereck en mettant ses mains à plat sur le mur où elle se retrouvait acculée, est-ce que tu as envie que je revienne ? »

Que pouvait-elle répondre ? Il était si beau et si impressionnant. Elle se sentait si petite, si minime. Qui voudrait d’elle ? Combien de chance avait-elle de retrouver quelqu’un d’aussi génial que lui ? Et s’il lui offrait une chance de recoller les morceaux ? Bien sûr qu’il fallait qu’elle tente, elle ne se sortirait jamais de la dépendance qu’elle avait de Dereck, elle en était convaincue, bien au-delà de la raison, elle s’en persuadait sans s’en rendre compte.
Lily était comme ces êtres vivant toute leur vie dans une grotte sombre et qui apercevaient la lumière pour la première fois ; ils s’en approchaient mais brûlaient leurs rétines à la regarder et ne sachant pas le monde merveilleux qui pouvait les attendre derrière, ils finissaient par reculer et rester persuadé qu’il n’y avait rien de mieux que l’obscurité de leur grotte.

Elle souffla un “oui” à peine audible mais suffisant pour qu’il élargisse son sourire avant de poser ses lèvres sur celles tremblantes de la rouquine. Elle se sentit fondre et ses genoux flanchèrent sous le poids de la sensation de contrôle qu’il avait sur elle.

Il prolongea le baiser avec aisance, comme avant, il était habituée à sa manière de faire, à sa langue, à sa bouche et c’était plutôt agréable. Plus positif encore, il savait exactement quoi faire et quand le faire pour la rendre folle de lui. Il savait que s’il passait lentement sa langue sur son palais, les joues de la jeune femme allait se mettre à rougir et qu’il pourrait alors caresser son cou. Il voulut enlever le pull à col roulé de Lily, histoire de découvrir son cou pour lui faire plus d’effet encore. Il remarqua avec beaucoup de satisfaction qu’elle le laissa faire sans même sembler broncher.
Dereck fit glisser sa bouche le long de sa mâchoire. Il entendit sa respiration se faire plus courte et jubila intérieurement. Son corps réagissait à ses caresses avec toujours autant d’intensité ; il était vraiment fort.
Cependant, une vision le fit se refroidir instantanément ; à l’endroit du cou de Lily où il était sur le point de poser sa bouche se trouvait un énorme suçon. Il s’étrangla presque et demanda, furieux :

« On peut savoir ce que c’est ?!
_ De quoi tu parles ? demanda-t-elle, perdue.
_ De ce putain de suçon dans ton cou ! »

Le visage de Lily se décomposa et elle bégaya des mots incompréhensibles. Comment lui dire ? Elle se sentait mal, elle avait honte. S’il y avait une personne à qui elle ne voulait rien dire, c’était bien lui. Oh, pourquoi avait-il découvert son cou ? Pourquoi l’avait-elle laissé faire ? Et pourquoi l’avait-elle embrassé ?

Rageux et très jaloux, il s’éloigna d’elle à vive allure et hurla « Espèce de sale petite allumeuse ! » avant de partir en claquant la porte. Comment osait-elle se faire toucher par un autre que lui ? Elle aurait dû être effondrée après son départ ! N’avait-elle pas de décence ? Était-elle comédienne à ce point ? Elle ne s’en fichait tout de même pas de lui, si ?!
Et quel était le salop qui avait osé la toucher ? Lily lui appartenait et il enrageait de savoir que sa soi-disant peine ne la tenait pas éloignée des autres mecs.
Décidément, il avait vraiment bien fait de la larguer si rudement, elle le méritait.

✮✮✮
Remus fit lentement tourbillonner sa touillette en plastique dans le fumant liquide brun que contenait son gobelet. La crème formait des tracés sinueux et circulaires qui hypnotisaient le jeune homme. Il faut dire qu’il était en profonde réflexion.
Depuis qu’il avait vu sa douce Lily dans un tel état de tristesse, ses croyances envers les Dirigeants commençaient à se fissurer. Et s’il ne les avait pas assez remis en cause ? Et s’il avait laissé les choses aller trop loin ?

Ce n’était pas qu’il s’illusionnait sur l’influence qu’il avait sur cette Organisation ; il savait qu’il était un pion de plus, remplaçable à tous moments. Mais peu lui importait, s’il avait été persuadé que cela aurait pu faire du bien à l’élue de son coeur, il l’aurait fait.
Mais que se passerait-il si Lily se mettait à être courant de tous les tenants et les aboutissants de ses actions et de son don ? S’en servirait-elle ? Et surtout, le ferait-elle pour une cause juste ou deviendrait-elle quelqu’un d’autre ? Avait-elle les épaules assez solides pour endurer tout ce poids, toute cette responsabilité qu’est le fait d’être une Céleste ?

Et c’est parce qu’il avait eu envie de prendre cette contrainte sur son dos à lui qu’il n’avait rien dit à la jeune femme. Et puis de toutes façons, les règles avaient été bien claires, dès le départ : le but principal de la mission d’Ange Gardien était de veiller à ce que l’artiste Céleste ne découvre jamais son don, quitte à donner sa vie ou celle de la protégé, quitte à trahir, mentir ou tricher.
La première fois qu’on lui avait annoncé ça solennellement et suite à un rite de “passation de pouvoir de protection”, il n’avait pu s’empêcher de demander à son initiateur pourquoi avaient-ils été si catégorique sur le fait de garder le secret et de ne jamais le dissimuler, pourquoi faisaient-ils comme si la survie du monde en dépendait ?
“Parce que, justement, la survie du monde en dépend mon garçon !” lui avait confié son mentor, une main réconfortante sur la frêle épaule d’un Rémus qui n’avait que 12 ans à l’époque. “Imagine le mal que pourrait faire les Célestes si elles apprenaient que leurs ancêtres étaient à l’origine de la création de la Terre...Que feraient ces jeunes femmes si elles souhaitaient recréer la Terre selon leurs envies fugaces et incontrôlées ? Il nous a été donné la mission Divine de contenir ce danger, alors bien sûr que oui cher Remus, la survie du Monde tel que nous le connaissons en dépend. Et toi aussi, tu fais partie de ce grand projet, je compte sur toi, jeune Ange Gardien.”

Le jeune homme avait écouté avec ferveur et attention depuis ce jour-là et cela n’avait cessé d’accroître le sentiment d’amour qu’il avait pour Lily. Non seulement il le faisait pour la Terre mais il le faisait aussi pour Elle.


Il plissa ses paupières fatiguées et se frotta les yeux en soupirant. Cela commençait à faire longtemps maintenant. On lui avait donné rendez-vous il y a une heure de cela mais personne ne semblait disposer à le prendre en charge. Le jeune homme balaya une énième fois la pièce du regard pour passer le temps, tout en buvant quelques gorgées de son café. Il aimait cette salle, il aimait cet endroit, il aimait cet édifice et ce qu’il représentait.

Le quartier général des Dirigeants se trouvait dans un endroit paradisiaque. Le Royaume avait été construit sur une large et haute falaise de roches d’un beau gris perle. Ces roches étaient elles-même entourée par une ceinture de cascades d’eau plus splendides encore que les chutes du Niagara. De majestueux arcs-en-ciel se dressaient fièrement de ça et là et renforçait l’impression de magie qui émanait de ce lieu.
De l’intérieur, on pouvait admirer le spectacle grâce aux hautes fenêtres qui s’étendait jusqu’à sept mètres au dessus de lui. Les rayons du soleil ou de la lune perçait à tout moment par le plafond vitré et faisaient briller des reflets de lumière scintillante sur le marbre frais de la pièce circulaire. Entre les fenêtres, à intervalle régulier, se trouvait les portes menant aux bureaux et salles de l’Organisation. Le reste de l’édifice était construit et aménagé dans la même ambiance et le même style ; modernité du mobilier, pureté de lumière et beauté du paysage.

« Remus, tu peux y aller, Hensen t’attend dans son bureau, l’informa Charlie - un autre Ange Gardian qu’il appréciait - en sortant d’une des nombreuses portes identiques. »

Le jeune loup-garou hocha brièvement la tête et leva ses jambes engourdies par l’attente. Il se dirigea machinalement vers une des portes et fit le chemin qu’il avait déjà emprunté maintes fois. De toutes façons, ici il valait mieux faire encore et encore les mêmes trajets car il n’y avait que la mémoire qui pouvait lui servir de guide. Aucune indication n’était là pour aider quiconque. Selon la devise, s’ils étaient suffisamment investi dans leur rôle, ils se devaient d’avoir le moindre détail de cet endroit ancré dans l’esprit.

Il frappa à la porte et l’ouvrit une fois que Taylor Hensen, une des 8 Dirigeants, lui en donna la permission. Il eut du mal à garder les yeux ouverts tant la clarté l’aveuglait. Car si les fenêtres étaient recouvertes de drapés de satin blanc, la lumière n’en étais que plus puissante. Un peu de brume couvrait le sol et le mobilier se confondait presque tant il était pâle. C’était la première fois qu’il rentrait dans le bureau d’un Dirigeant.

Remus était assez perturbé par cette convocation. Du plus loin qu'il s'en souvenait, le jeune homme s'était toujours entretenu avec les assistants des Dirigeants mais jamais avec Eux en personne. Même les mentors n'étaient pas des Dirigeants, juste de simples sages ayant pour mission de communiquer les valeurs de l'Organisation aux jeunes garçons. C'était comme ça, les Célestes n'étaient que des femmes et leur Ange Gardien était forcément un homme qu'Ils entraînaient dès leur cinq ans pour veiller sur une Céleste, de sa naissance à sa mort. Le jeune loup-garou se souvenait de la naissance de Lily et il en était encore ému à l'heure d'aujourd'hui. Ce qu'elle était belle, à peine quelques heures après l'accouchement, ses beaux yeux étaient déjà verts et ils avaient une forme si charmante. Il l'avait vu grandir, il avait grandit avec elle et la connaissait si bien ; que ce soit physiquement ou mentalement. La seule chose qu'il regrettait amèrement dans son rôle d'Ange Gardien, c'était l'interdiction formelle d'être en couple avec sa Céleste. Il n’avait d’ailleurs pas même le droit de la considérer comme la “sienne”, ce genre d’écart de langage était aussi interdit.
Cette pensée le rendit triste et il préféra revenir à la réalité, histoire de ne plus penser à ce serment qu’il s’était engagé à tenir alors que cela devenait de plus en plus pesant. Voir Lily passer dans les bras de plusieurs hommes sans jamais que ce soit les siens le faisait souffrir depuis longtemps maintenant.

Ses yeux couleur miel se posèrent donc sur la femme qui lui faisait face. Elle était assise sur un fauteuil bleu pastel, une des rares touches de couleur qui existaient dans ce bureau. Elle tenait à la main un verre en cristal, son jumeau étant posé sur le plateau en argent de la table basse à ses pieds.
Le jeune homme n’avait jamais vu de pareils habits, son cou et ses épaules étaient dégagés et la robe semblait vaporeuse, brumeuse et incroyablement légère. Elle flottait autour d’elle, semblant épouser ses formes avec grâce et élégance. La couleur lui faisait penser aux nuages cotonneux d’un jour de printemps et le fait qu’elle soit légèrement transparente rendait l’ensemble irréaliste.

« Je vous prie de prendre place en face de moi, annonça Taylor d’une voix profonde pleine d’un calme Olympien. »

Remus n’osa rien dire et alla simplement s’asseoir dans le fauteuil en face de celui de la Dirigeante.
Il observa son visage qu’il ne connaissait pas. Ses cheveux bruns foncés encadraient son visage en ondulant très légèrement de ci et là, ils étaient magnifiquement bien coiffés et frôlaient à peine ses épaules. Ses yeux étaient grands, gris et perçants. Ils étaient encadrés par d’épais cils courbés. Ses lèvres fines et pales restaient closes et l’on pouvait percevoir une certaine sévérité dans cette manière de les mettre. Son nez droit était harmonieux avec le reste de son visage mais lui conférait tout de même une certaine dureté qui la rendait impressionnante.
Il se posait vraiment des questions sur la raison de sa présence ici mais il n’était pas très enclin à engager la conversation avec une Dirigeante. Il ne savait même pas si cela se faisait. Devait-il la regarder dans les yeux ou au contraire baisser les siens ?

« Je suppose que vous vous demandez pourquoi Nous désirons vous parler, avança la Dirigeante avec toujours ce même ton calme.
_ C’est vrai, je n’ai jamais traité avec Vous.
_ Il faut dire que Nous sommes à l’orée d’une tournure importante dans l’équilibre du Monde. Nous sommes convaincu qu’un autre Dirigeant doit être élu car même en y mettant tout Notre temps et Notre énergie, Nous sommes débordés.
_ Pour tout Vous dire, avoua Remus, je ne sais même pas comment c’est possible d’avoir un point de vue sur l’ensemble du monde et décider de créer tel ou tel Élu en fonction de ce point de vue pour équilibrer le monde et essayer de faire le bien.
_ Je comprends que cela soit quelque chose d’assez innacessible pour vous qui êtes un simple Ange Gardien. Imaginez alors l’incompréhension qu’aurait les humains qui ne sont pas habitués à notre Organisation. Il vous ait maintenant donné la possibilité de comprendre pourquoi Nous restons dans l’ombre. »

Le jeune loup-garou hocha la tête brièvement, ne souhaitant pas s’étendre sur la nécessité de garder l’Organisation secrète. Il en souffrait bien trop par rapport à Lily pour être un minimum compatissant ou même compréhensif.

« Et donc pour répondre à votre questionnement principal, reprit Taylor sans avoir remarqué la légère ombre de contrariété qui était passée sur le visage de Remus, Nous avons remarqué que la Céleste dont vous vous occupez est très prometteuse. Nous sommes convaincu que c’est une des plus doués si ce n’est la plus douée. Nous l’avons désignée pour créer l’Élue qui rejoindra le rang des Dirigeants. Nous ne voulons pas d’un humain comme Dirigeant. Nous allons donc confier à la tâche à cette Céleste de créer Notre nouvelle Dirigeante. Comme à chaque fois, Frédéric vous donnera le parfum qu’elle devra inhaler quand vous sortirez de notre bureau. »

En entendant parler du fameux parfum, Remus eut affreusement honte. Ici, dans le Royaume des Dirigeants, tout le monde le félicitait pour ce coup de génie mais lui, il se sentait si mal.
Un des travails les plus délicats qu’avaient à faire les Anges Gardiens, était de soumettre les Célestes à un rituel, qu’elles exécuteraient chaque jour, pour pouvoir les contrôler suivant la demande des Dirigeants. Le jour où une Céleste est choisie pour peindre un Élu pour les Dirigeants, son Ange Gardien ajoute au rituel une préparation magique et chimique que Frédéric concocte dans son laboratoire personnel pour que la Céleste sache exactement qui peindre. Les autre jours, le rituel se déroule normalement et ne provoque rien chez les Célestes.
Et c’est en entendant Lily parler d’une odeur qui lui rappelait sa maman qu’il eut une idée - ingénieuse selon ses collègues, dégueulasse selon lui. Il lui avait alors offert un parfum, l’ayant même fait faire sur mesure, pour qu’il la touche profondément et lui rappelle l’odeur de sa maman puis suivant les ordres qu’on lui donnait, il interchangeait les flacons entre le normal et celui mélangé avec la préparation de Frédéric. Remus savait très bien que Lily serait fidèle à ce parfum là ; porter une senteur réconfortante sur elle tous les jours ne pouvait pas se refuser surtout quand on pensait être orpheline.

« Nous voulons aussi que vous soyez présent pendant la séance de création de l’Élue, reprit l’impressionnante brune en interrompant les pensées du jeune Lupin. »

Remus crut s’étouffer en entendant ce que la Dirigeante venait de dire.

« Mais...mais...Enfin, s’exclama choqué le jeune homme, vous savez très bien que les Célestes se mettent nues pour...
_ Nous savons qu’elles se dénudent pour peindre et donc pour créer, l’énergie que cela demande a absolument besoin qu’aucune fioriture ne soit présente. Le flux doit passer du corps de la Céleste, au pinceau et jusqu’à la toile. Et alors ?
_ Et alors...Et bien enfin, je...C’est son intimité...Je ne peux pas...
_ Vous êtes son Ange Gardien, son intimité n’est pas votre préoccupation. Votre but est de vous assurer que tout se déroule bien et qu’elle ne soit dérangée par personne.
_ Mais Lily peint toujours très bien les Élus, il n’y a vraiment pas bes...
_ Ce n’est pas n’importe quel Élue, et puis vous n’avez pas à discuter Nos ordres, vous avez été engagé pour faire ce qu’On vous dit de faire.
_ Non ! rétorqua-t-il, ne contrôlant plus sa colère d’entendre que bafouer l’intimité de Lily était de son devoir. J’ai été engagé pour prendre soin de Lily !
_ Ne commencez pas à vous rebeller, le menaça-t-elle avec une voix froide et un regard dur, Nous vous rappelons qu’il vous ait interdit d'appeler les Célestes par leur prénom, vous n’êtes pas censé être proche avec votre Céleste, vous n’êtes pas autorisé à vous attacher à elle, est-ce clair ? »

Remus baissa la tête, rentrant sa colère en lui comme ses ongles rentraient dans la paume de ses mains. Il se sentait piégé et si malheureux.

« Savez-vous ce qu’il arrive aux Anges Gardiens que Nous renvoyons pour leur mauvaise conduite ? demanda la Dirigeante, croisant les mains devant elle, le visage toujours impassible.
_ Non, répondit laconiquement le jeune homme en gardant la tête baissée, n’ayant aucune envie de lui parler.
_ Ils sont bannis du Royaume et ils leur ait interdit de parler ou même de côtoyer les membres de l’Organisation. Nous sommes sûrs que vous savez parfaitement que les Célestes font partie intégrante de Nos membres. Et si jamais un Ange s’obstine malgré tout et devient trop incontrôlable, Nous nous permettons d’effacer de sa mémoire l’existence des Dirigeants et des Célestes.  »

Le beau Lupin releva vivement la tête, comprenant que si un jour il était rayé de l’ordre des Anges Gardiens, il ne reverrait plus jamais Lily. Son coeur se serra dans sa poitrine et son souffle devint court. Comment pouvait-on lui faire ça ?

« Nous vous conseillons donc très fortement de mesurer vos écarts de conduite. Que ce soit dans votre manière irrespectueuse de parler aux Dirigeants ou dans votre attitude bien trop ambiguë avec la Céleste qui vous a été attribué. Maintenant, vous allez faire ce qu’On vous dit de faire. Peut-être ne voyez-vous pas le bien que cela fera à la planète Terre mais Nous, Nous le voyons. Vous ferez en sorte que la Céleste commence le processus de création demain, vous resterez avec elle durant tout ce temps-là et vous emmènerez le tableau dès qu’elle aura fini de le peindre. Dépêchez-vous ensuite de le rapporter au Royaume.
_ Bien, abdiqua Remus, n’ayant plus d’autre choix. Ce sera fait.
_ Vous pouvez maintenant disposer. »

Sans autre forme de procès, le jeune loup-garou se leva avec colère et partit de ce bureau aussi vite que ses jambes lui permit.
Il était furieux. Il détestait devoir faire des choses qu’ils devraient ensuite cacher à Lily. Surtout comme le fait de la voir nue sans son consentement. Comme le fait de devoir se dissimuler dans son appartement jusqu’à ce que l’inspiration lui vienne et qu’elle se mette suffisamment en transe pour oublier qu’il sera présent avec elle. Comme le fait de lui voler un de ses tableaux, une de ses créations et tout ça sans pouvoir lui expliquer le pourquoi du comment.

Il était dégoûté mais il commençait maintenant à comprendre que pire pouvait l’attendre. Lily lui manquait déjà affreusement alors que ça ne faisait qu’une trentaine d’heures qu’il ne lui avait pas parlé. Il avait envie de courir à son appartement et de passer le reste de sa vie avec elle. Seulement, c’était impossible.
Alors, à défaut de réaliser le rêve de sa vie, il prit le flacon trafiqué du parfum de Lily, le rangea dans sa besace en cuir noir et se dirigea vers la salle de téléportations & portoloins. Il désirait quitter cet endroit, qu’il aimait pourtant beaucoup, pour faire le vide dans sa tête.

✮✮✮
Lily regardait fixement la porte d’entrée en bois d’acajou de son appartement. Elle était assise sur son canapé, le menton contre le dossier et pleurait à chaudes larmes. Dereck était parti, une fois encore. Elle qui avait ressenti du soulagement en se faisant embrasser par lui. L’espace d’une seconde, elle avait entrevu la possibilité de renouer le contact avec le chanteur-pianiste. Et bien sûr, cela l’avait soulagée même si un affreux goût amer n’avait pas voulu se dissiper. Mais la rouquine s’était rassurée en disant que cela aurait fini par partir.

De toutes façons, elle ne le saurait jamais. À la manière qu’il avait eu de la regarder avec tant de mépris et de rage, elle savait que c’était maintenant bel et bien fichu. Et même si tous ses proches auraient été en accord pour dire que cela finirait par être quelque chose de positif, la jeune femme n’y croyait pas et était catastrophée de penser qu’elle laissait passer sa chance d’être heureuse.


Quelqu’un frappa à sa porte et son coeur se mit à bondir. Qui était-ce encore ?!
Comme pour répondre à sa question, la voix de Sirius s’éleva et dit “Lily c’est moi ! Ouvre la porte s’il te plaît, je sais que tu es là”.
Lassée de tout et les yeux encore remplis de larmes, elle n’eut pas l’envie ni la force de lutter. Elle préféra donc lui dire sans bouger du canapé que la porte était ouverte et qu’il pouvait rentrer.

En passant la porte de l’appartement de Lily, le jeune Black eut un sentiment de peine car il aperçut directement la jolie rouquine avec le nez et les yeux rouges, son regard morne perdu dans le vague.

« Oh Lily...soupira-t-il en pensant être la cause de sa tristesse. Non...Il ne faut pas être si désamparée...Tu n’as rien fait de mal...
_ Sirius, souffla-t-elle la voix sanglotante, tu n’y es pas...C’est...Dereck...
_ Dereck ? répéta le beau motard perplexe, qu’est-ce qu’il a avoir là dedans ?
_ Il est venu ici...Il a vu les suçons et... »

Elle ne continua pas sa phrase et éclata en sanglots. Il se retrouva étonné de la tournure que prenait les évènements. Il était venu ici pour s’expliquer et tenter de renouer le contact avec la jeune femme. Et voilà qu’à cause de l’erreur qu’ils avaient fait, Dereck Cox semblait avoir fait quelque chose à Lily. Quelque chose de négatif.
Sirius se retrouva assez perdu sur la marche à suivre dans ce cas là particulier. Il s’était préparé mentalement pour reconquérir l’amitié de la Céleste mais voilà que ce foutu blondinet avait tout gâché.
Il soupira longuement. Il ne fallait pas se laisser abattre et il fallait agir. Oui, mais pour quoi faire ?



 Chapitre 3                                                                                                           Chapitre 5 

Tadaaaam ! Votre choix m’a donné du fil à retordre mais j’ai bien aimé relevé le défi, j’espère que vous aussi !


Le temps du vote est terminé !
Sirius devait faire un choix. Était-ce plus important de la consoler en la réconfortant ou de mettre les choses au clair sur la soirée et surtout la nuit d’hier ?
1/ Sirius la console
2/ Sirius s'explique

[edit 7 Février 2013] Vous avez tranché, la suite a donc été écrite avec le choix n°.
Pour voter à nouveau, il faut se rendre au dernier chapitre publié.

4 commentaires:

  1. Tu t'en es super bien tiré Cassy de ce défi!
    Bravo j'aime ton style, belle plume doublé d'une imagination fertile. On aime <3

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  2. Je vote pour que Sirius console Lily

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  3. Sérieux, ce Dereck, je vais lui foutre un pain dans la tronche !
    J'aurais voté pour que Sirius s'explique aussi.
    La suite ! La suite !

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