samedi 19 janvier 2013

Chapitre 3 - Moi, Lily, Artiste Celeste



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  Chapitre 2                                                                                                           Chapitre 4

Lily devait faire un choix. Devait-elle danser avec cet inconnu ou refuser de le suivre ?


Depuis plus d’une minute, la jeune femme affichait un air hébété. Pas qu’elle n’aurait pas voulu paraître plus intelligente à ce moment même mais elle n’y pouvait rien, tous ses neurones étaient occupés à faire autre chose. Il ressemblait vraiment à Dereck quand même...Ce beau chanteur de jazz et pianiste charismatique qui l’avait charmée...et jetée. Une ombre de colère passa devant ses yeux et elle fronça les sourcils puis croisa les bras face à l’inconnu qui lui tendait la main d’un air entendu.
Pour qui se prenait-il à lui parler de la sorte ? Ça avait toujours été comme ça avec lui, il était toujours sûr de sa valeur, sûr de ses choix. Tout était toujours acquis pour lui, forcément, puisqu’il était le meilleur !

Un sentiment d’indignation la fit bouillir et elle le déversa sur cet homme alors qu’une partie d’elle-même savait qu’au final, il n’avait fait que tenter sa chance à la vue de son corps voluptueux se mouvant sur la piste de danse.

    « Ni moi ni mon “petit cul”, comme tu l’appelles, n’iront se frotter à toi et tes manières de petit mec suffisant !
    _ Ola ! s’exclama-t-il, désagréablement surpris par ce revirement de situation. Il faut te calmer, poulette ! Tu m’as allumé et là tu fais l’effarouchée ! T’es comique, toi...
    _ Écoute mon gars, intervint Sirius en s’interposant physiquement entre l’homme et Lily. S’il faut te la faire dans une autre langue, je m’y colle tout de suite parce que t’es plus que lent à la comprenette. La demoiselle t’a clairement dit “non” et aussi “vas te faire voir” donc suis donc son conseil et débarrasse le plancher, tu veux. »

Le sosie de Dereck s’indigna encore un peu mais se découragea bien vite en apercevant une jolie blonde, très ivre elle aussi, se trémousser avec encore plus d’audace que la douce rouquine. Il alla donc la rejoindre avec la même démarche qui avait eu du succès auprès de Lily.

Suite à cette altercation, Sirius décida d’un commun accord avec lui-même que la soirée s’était suffisamment éternisée comme ça. Lily était passé à deux doigts de faire une erreur qu’elle aurait regretté pendant longtemps. Il était soulagé et fier d’avoir réussi à lui éviter ça.
Malgré son esprit embrumé, il réussit l’exploit de marcher sans trop faire de zig-zag. De ça aussi, il était fier.
La rouquine suivit docilement le beau Black sans chercher à comprendre où il pouvait bien l’emmener. Puis, quelques minutes après leur sortie de la boite de nuit enfumée, l’air froid aidant à lui rendre un semblant de lucidité, Lily comprit enfin qu’ils étaient en train de rentrer chez Sirius. Le long du chemin, ils rigolèrent de leurs démarches sinueuses et de leurs attitudes lentes et assez ridicules. Le portoloin fut l’étape la plus éprouvante du parcours. Ils eurent tellement de difficultés à s’imaginer la villa moderne du jeune homme qu’ils furent obligé d'appeler un magicobus. Pendant le trajet, ils se rentrèrent dedans à maintes reprises, n’essayant même pas de se tenir aux barres de fer qui étaient réparties de manière égale dans le bus. Le chauffeur fut même à deux doigts de les jeter dehors avant la fin de l’arrêt tant leurs éclats de voix étaient bruyants.

Une fois arrivés, Sirius s’affaissa avec lourdeur dans son canapé d’angle moelleux. Il était épuisé d’avoir dansé autant. Et puis la pièce tournait tellement, c’était hypnotisant...
Lily observa le beau Black s’endormir en très peu de temps. Elle poussa un long soupir de frustration ; elle n’avait pas envie de dormir, elle ! Étant toujours surexcitée, elle avait encore envie de sautiller partout. Et puis elle avait chaud...Et faim...
Une idée, qu’elle pensait lumineuse, lui vint ; et si elle faisait de la cuisine ? Cela lui donnerait en plus une excuse pour réveiller Sirius par la suite. Elle se trouvait intelligemment diabolique et cela la fit rire toute seule pendant deux bonnes minutes.

Pendant qu’elle fouillait dans les placards du haut de la cuisine orange acidulée de Sirius, elle se creusait la tête pour trouver quelque chose à cuisiner et surtout à manger. Seulement, les idées mettaient du temps à venir, surtout les idées sensées. En apercevant le lait d’amende, la jeune femme eut envie de faire du Porridge...au chocolat fondu ! En l’honneur de ses origines qu’elle savait anglaises. Peut-être même que sa maman en préparait le matin et que c’était là la raison qui faisait qu’elle adorait tant ce goût ?

Elle fit chauffer le lait et y ajouta les flocons d’avoine, elle en versa un peu à côté et cela aussi la fit rire. Dans une autre casserole, il fit fondre du chocolat et ne put résister à en déguster quelques carrés. Elle retira les deux casseroles une fois les flocons gonflés et le chocolat fondu. Elle mélangea le tout et ajouta des morceaux de poires, de bananes et de figues.

Satisfaite de sa préparation, elle se dirigea vers le salon en trottinant presque ; un rien la rendait euphorique.
Une fois assise auprès de Sirius, elle se remémora tout ce qu’il avait fait pour elle depuis ces derniers temps. Il avait pris soin d’elle quand elle pleurait toute seule sur son banc, il l’avait invitée sous son toit sans jamais la faire sentir de trop, il l’avait nourrie, logée et fait rire. Puis ensuite il s’était cassé la tête pour lui obtenir des places de concert et l’avait fait se sentir jolie en lui offrant une robe sexy. Il l’avait enfin suivie en boite de nuit sans broncher, même s’il ne l’avait pas prévu et pas forcément voulu. Bref, le jeune homme avait été un véritable ami et c’était si touchant...

Lily eut envie de partager avec Sirius la sensation de gratitude que faisait venir ce constat. Elle se précipita donc sur lui pour l’enlacer avec vivacité Elle fut d’ailleurs obligée de grimper sur lui pour réussir son entreprise. Elle caressa ses bras et le remercia à voix haute.

Le jeune Black fut sorti de son sommeil par un corps chaud qui se mit au dessus de lui. Il bougea légèrement pour mieux l’accueillir et plaça ses bras dans son dos à elle. Il ouvrit à peine ses yeux, à mi-chemin entre le rêve et l’éveil, et reconnut les beaux cheveux de Lily, puis son visage et enfin son corps. Sans se poser de questions, il fit glisser ses mains le long de son dos avant de s’arrêter sur l’arrondi de ses fesses. Elles étaient douces, même avec une robe qui les couvraient.


Un frisson la parcourut et cela lui fit du bien. Il n’en fallut pas plus pour que les envies de Lily deviennent plus audacieuses et que tout bascule. Elle passa ses mains entre leurs deux corps pour toucher son torse ; sa chemise blanche avait été déboutonnée plus tôt dans la soirée et il l’avait laissée comme ça depuis, tant il était ivre.

Sirius continua à descendre ses mains le long de ses fesses puis accéda à ses cuisses découvertes. Il les pressa avec force pour plaquer Lily à lui, ce qui provoqua un gémissement de surprise de la part de la rouquine. Sans lui laisser le temps de répondre par un geste, il fit remonter la robe en même temps que ses mains. Il continua son ascension le long de son dos et finit par enlever entièrement la robe qu’il jeta négligemment sur le marbre du salon. Les vêtements de Sirius eurent droit au même sort, quelques dizaines de secondes plus tard.

Le beau brun passa ses mains partout sur le corps de la rouquine, se sentant d’ores et déjà frustré par ses sous-vêtements bleus en dentelle qui cachait encore bien trop son corps. Il insista à maintes reprises sur les fesses de la jeune femme qui étaient quasiment nues, au vu du petit string qu’elle avait décidé de porter ce jour là. Elle plaqua sa bouche sur la sienne, lui mordit les lèvres en réponse à ses mains qui pétrissaient pleinement sa peau. Il tira si fort sur la ficelle qu’elle claqua dans un bruit sec en laissant une trace rouge vif sur la peau de la jeune Evans. Ils ne s’arrêtèrent même pas, trop occupés à satisfaire leurs pulsions bestiales.

Désirant prendre le dessus, Sirius se retourna vivement en entraînant la rouquine dans sa course pour la basculer en dessous de lui. Seulement, n’ayant plus conscience qu’ils se trouvaient sur un canapé, ils tombèrent lourdement sur le tapis au pied du sofa.
Lily fut légèrement assommée par cette chute mais tout était tellement intense, qu’elle exclama sa douleur seulement par un gémissement bref. La jeune femme fut d’ailleurs bien vite distraite par la démonstration de force du beau Black, qui arracha les bretelles de son soutien-gorge pour plus rapidement pouvoir embrasser passionnément ses seins.
Quelques secondes plus tard, le jeune brun se glissa en elle avec puissance et il lui donna envie de crier son plaisir.
À un moment donné, elle voulut prendre appui au coin de la table basse, histoire de donner plus de puissance à son bassin, mais elle ne fit qu’attraper le  coin du plateau où se trouvait les deux bols de Porridge. Le lait encore tiède se déversa sur le dos de Sirius et tous les morceaux de fruits et d’avoine s’éparpillèrent sur leurs deux corps. Les bols, les petites cuillères et le plateau firent un fracas qui ne les stoppèrent pas. Seul le moins enivré d’entre eux, Sirius, se fit la réflexion fugace que la chance était avec eux, car aucun débris de verre n’avait blessé Lily. Il l’embrassa avec force, eut envie de la mettre sur le ventre et donna, dans cette position, plus de puissance encore à ses coups de reins.

Lily était déchaînée, elle se libérait de tout et allait jusqu’au bout, tant le sentiment de lâcher prise la grisait. Sirius quant à lui, vivait un fantasme qu’il avait déjà rêvé plusieurs fois sans jamais avoir osé le réaliser avec elle. D’ailleurs, seule une petite partie de son esprit se rendait compte de ce qu’il se passait réellement ; l’autre partie voyait cela comme un rêve très excitant et très réaliste.
Ils se mouvèrent sauvagement jusqu’à ce que le jeune homme atteigne l’orgasme. Le temps se figea à ce moment-là puis les corps retombèrent lentement sur le sol, l’un à côté de l’autre, couverts de sueur, essoufflés et vidés.
Cette soirée et surtout ce dernier évènement, les avait complètement et définitivement déconnecté de la raison et du bon sens.

✮✮✮

La lumière du jour perça le voile de ses paupières malgré le mauvais temps dehors. La pluie battait sur les longues et grandes baies vitrés de la maison. Oui mais d’ailleurs, la maison de qui ? Où était-elle déjà ? Elle cherchait à tout prix à le savoir mais elle avait d’autres préoccupations pour le moment ; des préoccupations physiques.
Sa tête semblait être en béton tant elle était lourde et alors qu’elle n’avait même pas encore esquissé un mouvement, elle sentait de multiples brûlures sur son corps, au niveau de son cou, de ses seins, de ses reins et surtout plus bas encore. Son estomac se tordait dangereusement, lui donnant des nausées désagréables. Elle était frigorifiée aussi.
Qu’est-ce qu’il avait bien pu arriver ?

Prenant son courage à deux mains et voulant éclaircir ses questionnements, elle ouvrit les yeux après s’être relevé très doucement. Ce qu’elle vit, une fois sa vision rétablie, fut une des images les plus choquantes qui lui était donné de voir de ses propres yeux. C’était un véritable bazar, des morceaux de vaisselle brisée était éparpillés sur le tapis chocolat et côtoyaient des vêtements froissés et jetés négligemment. Le tissu du tapis était tâché de part et d’autre d’elle et une odeur d’amande pourrie lui écorchait l’odorat. Elle regarda son propre corps plus en détail et elle fut sidérée de voir qu’elle était quasiment nue, seul son pauvre soutien gorge qui était affaissé négligemment autour de son bassin, restait encore. Des bouts, de ce qui semblait être de la nourriture séchée, étaient éparpillés sur sa peau à côté de petites coupures qu’avaient certainement provoqué les morceaux de verre. Son sein gauche comportait une marque évidente de morsure quand celui du droit en comptait trois !

Le froid, l’odeur et le choc eurent raison d’elle et elle se précipita dans la salle de bain pour y vomir. Ses tempes vrillaient de douleur, ses jambes la tenaient à peine et tout son corps était courbaturé. Des flash lui vinrent par la suite, une fois que son visage rencontra l’eau fraîche du robinet.
Elle se vit à un concert, danser et hurler comme une folle au rythme des chansons de Queen, avalant cocktails sucrés sur cocktails sucrés. Puis, se frottant à un homme mal rasé sur une piste de danse fumeuse. Par la suite, Sirius s’interposant entre l’homme de la piste de danse et elle avant qu’ils ne fassent le chemin de retour.
Jusque là, le récit de la soirée qu’elle put se faire grâce à ses récents souvenirs, était censé. Elle se sentait quelque peu honteuse de s’être frottée de la sorte à un vague inconnu mais elle le savait bien qu’elle faisait n’importe quoi quand elle était saoule. Seulement, quand Sirius lui avait proposé de tout oublier le temps d’une soirée, comment aurait-elle pu refuser ? Elle ne le pouvait pas, bien sûr. Même si elle devait vivre avec le fait d’avoir été trop loin avec un vague inconnu.

Mais alors, qu’avait-il bien pu se passer pour qu’elle se retrouve dans un tel état, une fois rentré dans la villa de Sirius ? Si le jeune Black découvrait l’immonde chaos qu’elle avait fait régné dans son si élégant salon, il allait assurément la tuer. Avait-elle invité quelqu’un ? Ou avait-elle fait ça toute seule ? Le doute la submergea et elle se précipita dans le salon pour s’assurer de la réalité des faits.

Son coeur s’arrêta de battre à l’instant où son regard se posa sur le corps nu et endormi de...Sirius. Il était allongé sur le tapis, au pied du canapé, juste à côté de l’emplacement où elle avait dormi.
La jeune femme faillit s’effondrer tant elle tremblait de partout. Le dernières pièces du puzzle s’imbriquèrent quand les souvenirs de ses ébats avec le beau motard lui revinrent, avec la force d’un coup fatal. Ils avaient été bestiaux, ils avaient été ivres, ils avaient été sauvages et le pire de tout : elle avait aimé ça à la manière d’une femelle en rut.
Qui était-elle ? Lily ne se reconnaissait pas.
Depuis quand couchait-elle aussi vite ? Depuis quand couchait-elle sous prétexte qu’elle avait bu ? Depuis quand s’offrait-elle sur un coup de tête, une envie fugace, un instinct animal ? Depuis quand était-elle attirée par l’envie de se dévoiler si intimement à quelqu’un d’autre que celui qu’elle était censé aimer ? Depuis quand le sexe n’était pas une chose profonde qui se faisait aussi avec le coeur et pas seulement le corps ? Depuis quand le faisait-elle avec un ami ?
Qu’allait-elle faire, maintenant ? Comment allait-elle pouvoir le regarder dans les yeux sans ressentir la honte qui la transperçait en ce moment-même ? Qu’allait-il penser d’elle ?
Il devait la prendre pour une fille légère ou pire, la pire des allumeuses, finissant par coucher, peu importe le mec. Après tout, elle commençait à se frotter à ce drôle d’inconnu et finissait par sauter sur Sirius. Elle n’avait donc pas de retenue ? Elle était si affamée que ça ?!

Elle était horrifiée, elle paniquait littéralement. “Au secours” était la seule réponse à son désarroi qui semblait vouloir sortir de son esprit. La jolie rouquine en pleurs avait si honte, c’était affreux. L’image qu’elle avait d’elle, déjà sérieusement ébranlée par Derreck, était maintenant ternie dans sa quasi-totalité. Et la seule option qu’elle envisageait était celle de fuir...et d’oublier le plus longtemps possible avant que les évènements de la vie viennent tout lui renvoyer à la figure.


Lily alla ramasser la robe que Sirius lui avait offert, elle l'enfila avec un malaise évident. Comme si se remettre dans ce vêtement était le signe qu'elle allait redevenir la fille qui la portait la nuit dernière. Cette fille dévergondée, sans limite, sans gêne et sans respect pour ses convictions.
Elle avait toujours été fière d'être une jeune femme censée malgré son enfance en orphelinat, elle avait toujours cru être plus romantique que la moyenne, être quelqu'un qui faisait passer les besoins de son coeur avant celui de son corps et voilà qu'elle se mettait à faire n'importe quoi !
Elle prit les cadavres de ses sous-vêtements et se mit à courir en direction de la porte d’entrée en ayant qu’une seule idée en tête : rentrer chez elle et prendre une douche.


C’est en entendant la porte claquer, que Sirius se réveilla à son tour. Perdu et hébété, il mit plusieurs minutes avant de se reconnecter à la réalité. Il eut le droit à un mal de tête similaire à celui de Lily. Le jeune homme ne fut cependant pas aussi perdu que la rouquine, tout d’abord parce qu’il était plus habitué et donc plus résistant à l’alcool et parce que, aussi incroyable que cela pouvait paraître, c’était elle qui avait bu le plus de verres.

Le fait d’avoir une gueule de bois moins puissante que celle de son amie n’arrangea en rien le sentiment désagréable de culpabilité qui l’assaillait en se rendant compte de ce qu’ils avaient fait cette nuit. Ce n’était pas bon, pas bon du tout. Enfin, si, cela avait été plutôt bon mais cela n’augurait rien de bon. Il venait de la froisser, de la rendre craintive. S’il avait été aussi sauvage qu’elle qui l’avait griffé tout le long du dos, il devait même l’avoir blessée.
Pire encore, il venait de rendre leur relation très instable et le beau Black ne savait même pas si elle allait encore vouloir lui parler. Comment allait-il faire ?
Avoir gâché la majorité de ses chances de faire intégrer Lily à Black Anarchy à cause de cette soirée, le rendait fou de rage. Pourquoi n’avait-il pas pu se contrôler ?
Bien sûr que la jeune Evans était sexy et belle mais c’était plus que ça. Il ressentait toujours ce besoin de veiller sur elle. Mais une question mettait à mal l’idée que Sirius était réellement charmée par Lily. Car après tout, si cela avait été une toute autre fille avec la même situation de Céleste fragile et perdue, aurait-il été aussi ému et attendri ? Il craignait que oui.
Oui mais voilà, toutes ces questions, il avait justement voulu les éviter avec une règle simple : ne pas chercher à se mettre en couple avec elle, même s’il voulait lui faire rejoindre son camp. Et il avait réussi jusque là ! Pourquoi avoir tout gâché, si près du but ?

Le motard désespéré se posa sur le canapé et se prit la tête entre les mains. Il réfléchissait aussi fort que lui permettait sa gueule de bois pour trouver un moyen de recoller les morceaux. Il fallait qu’il la voit à tout prix pour mettre les choses au clair avec elle. Là aussi ce serait délicat, comment lui dire que c’était une erreur d’avoir couché ensemble, pour ne pas qu’elle pense qu’il en voulait plus, mais sans pour autant blesser son amour propre ? Parce qu’elle n’avait pas été nulle, loin de là. Seulement, il savait que c’était une fille romantique et ce genre de filles ne couchaient pas, elles faisaient l’amour. Elle n’avait pas été pas son état normal et il en avait conscience.

Mettant un plan en forme dans son esprit, il commença à ranger et nettoyer dans le même temps. Une fois sa tâche matérielle finie, il fut soulagé que ses questionnements cérébraux soient eux aussi résolus. Il partit en direction de la douche avec une idée précise de ce qu’il allait devoir faire. Le seul inconnu résidait dans la réaction de Lily.

✮✮✮

Lily passa sa main sur le grand miroir de sa salle de bain rose saumon. L'eau chaude de la douche avait recouvert toute sa surface d'une couche de buée humide. La jeune femme se scruta dans la glace et fut dépitée de voir qu'un suçon venait lui rendre la tâche d'oublier la nuit dernière quasiment impossible. Il était gros et violacé, dans le plein creux du cou et au niveau de l'épaule, on pouvait en apercevoir un autre. Elle poussa un long soupir de désespoir et continua à faire comme si de rien n'était, s'efforçant de répéter les gestes du quotidien pour passer à autre chose.


Comme tous les jours donc, elle se prépara pour aller travailler à la galerie d'art d'Illuway, commerce dont elle était propriétaire avec Remus. Ce dernier était un excellent associé qui se consacrait à la recherche de peintres prometteurs souhaitant vendre leurs tableaux. Il veillait  aussi à faire connaître la galerie. Quant à la rouquine, elle s'occupait de toute la clientèle désirant posséder des tableaux ; son sens de l'art et sa haute maîtrise des techniques de peinture lui permettait de répondre aisément aux questions des acheteurs ou amateurs curieux. À eux deux, ils arrivaient à faire tourner une affaire confortable pour leurs portefeuilles. Encore une fois, elle était extrêmement reconnaissante envers l'élégant Lupin car au départ, c'était à lui seul qu'appartenait cette galerie et emportée par la passion de la jeune artiste, il l'avait laissée être employé puis associé ; c'était vraiment un homme en or.

Elle pénétra dans sa chambre avec une certaine appréhension, les draps du lit étaient encore froissés d'une nuit d'amour qu'elle avait partagée avec Dereck il y a à peine quelques jours. C'était une sensation affreuse, sentir que c'était fini, pour de bon. Il n'allait plus revenir. Elle avait même vérifié son Messager quand elle était rentrée, pour savoir s'il avait cherché à la contacter. Mais seul Remus l'avait fait.
Lily s'installa devant sa coiffeuse sans jeter un regard de plus au lit, elle admira le joli flacon en verre, taillé comme un bijou qui trônait sur sa table. C'était un cadeau très précieux que Remus lui avait fait pratiquement dès leur première rencontre. Elle lui avait confié qu'elle gardait un seul et unique souvenir de sa maman, une odeur de muguet toute particulière. Et quelques jours plus tard, il lui avait offert un délicieux parfum. L'odeur était d'une similarité troublante et cela la réconfortait de le porter chaque jour. Aujourd'hui n'allait pas manquer à l'appel, c'était décidé.

Par la suite, elle s'habilla simplement et sobrement, prenant garde à porter une jupe noire assez longue pour cacher ses cuisses rougeoyantes et un col roulé vert pour dissimuler les suçons et les morsures. Elle voulait à tout prix éviter que Remus découvre ce qu'il s'était passé hier. Elle était déjà sûrement perçue comme une allumeuse auprès de Sirius, elle ne voulait pas perdre l'estime de Remus aussi, elle ne le supporterait pas.


Une fois arrivée, elle fut soulagée de constater que tout n’avait pas changé dans sa vie. Sa galerie était toujours fidèle à elle-même avec ses tableaux posés sur les trois quart des murs blanc crème. Seul un angle sur la gauche était dénudé de tableau mais pas de peinture puisque Lily y avait peint elle-même un somptueux paysage. Étant charmé par cette création, Remus avait décidé d’y installer un bureau pour accueillir la clientèle. Olive y était d’ailleurs installée. C’était une nouvelle recrue, novice mais gentille, qui s’occupait du secrétariat. Remus s’était enfin décidé à l’engager ; c’était bon signe, ils avaient maintenant suffisamment d’argent pour avoir une employée. Elle la salua aussi gaîment que lui permettait son état puis lui demanda où était Mister Lupin. L’aimable blonde lui répondit qu’elle n’en savait rien puisqu’il ne venait pas travailler aujourd’hui ; c’était comme ça avec Remus, son emploi du temps était très irrégulier et il ne donnait jamais trop d’explications à cela.

La rouquine décida donc de rentrer dans le vif du sujet - ou plutôt de son travail - en se dirigeant au hasard vers un homme qui flânait dans la galerie. Lily ne le connaissait encore pas, elle examina donc en vitesse son allure. Ça semblait être un homme élégant et assez fortuné, très certainement de bonne famille anglaise. Ses lunettes rondes lui donnaient un air classique et quelque peu écolier. Il ne semblait pas perdu mais ne semblait pas non plus vouloir à tout prix être ici.

    « Je peux vous aider ? demanda-t-elle comme elle le faisait habituellement.
    _ Cela dépendra de vos compétences, très chère. Répliqua le jeune homme brun à lunettes avec un petit sourire en coin. Êtes-vous capable de supprimer le côté sombre qui réside dans les êtres humains ? »

La rouquine fut complètement prise de cours par cette réponse hors norme. Sur quel drôle d’oiseau était-elle encore tombée ? Et comment allait-elle lui vendre quoi que ce soit ? Ce n’était vraiment pas le jour où elle avait besoin d’anormalité.

    « Et bien, il est évident que je ne peux rien faire pour cela, répondit Lily avec sérieux. Par contre, je peux vous parler des beaux tableaux qui sont exposés ici, finit-elle sur une note légèrement plus chaleureuse.
    _ D’accord, parlons d’art et de ces beaux tableaux mais vous n’y couperez pas, un jour nous parlerons de la méchanceté humaine, plaisanta-t-il.
    _ Hm...Si vous le dites, répliqua la jeune artiste perplexe, n’étant pas sur la même longueur d’onde que lui.
    _ Alors, si vous pouviez m’informer sur une question qui me taraude depuis plusieurs jours...Le paysage qui a été peint sur la devanture de la galerie et celui derrière le bureau d’accueil, est-ce un ou une de vos artistes affichés sur ces murs qui les ont fait ? Je trouve sa sensibilité artistique vraiment particulière et je trouve que cet artiste peint avec un tel réalisme que ç’en est bluffant.
    _ Euh, et bien, non, elle n’a pas de tableau accroché ici, répondit-elle rougissant comme une pivoine.
    _ Vous faites là une bien belle erreur ! affirma-t-il en haussant légèrement les sourcils. Je ne pense pas que ses tableaux m’auraient uniquement séduit, moi. C’est étonnant que vous n’ayez pas su déceler son talent. Enfin, pourriez-vous tout de même me donner son nom ?
    _ Elle s’appelle Lily Evans.
    _ Oh mais suis-je bête, excusez mon impolitesse, j’aurais d’abord dû vous demander votre prénom à vous avant de demander celui d’une autre femme. Qui plus est, si elle n’est pas présente dans la pièce. Comment vous nommez-vous donc ?

    _ Et bien, avoua-t-elle de plus en plus rouge, je m'appelle Lily Evans.
    _ Mais alors, s'exclama le jeune acheteur l'air ravi, je suis encore plus heureux de faire votre connaissance, Mrs Evans !
    _ Miss Evans, corrigea la jeune femme machinalement.
    _ Je suis content de pouvoir vous dire ce que je pense de votre travail, Miss Evans. Vous êtes une excellente artiste selon moi et je trouve dommage que vous n'exposiez pas dans votre propre boutique. Vous avez le coup de pinceau, croyez-moi, ma famille collectionne des oeuvres d'art depuis des siècles.
    _ Cela est courtois de votre part, Mister...
    _ Mister Potter, mademoiselle. James Potter pour être tout à fait précis.
    _ Mais je suis ici pour vendre des peintures et les miennes ne se vendent pas.
    _ Pourtant, insista-t-il sans se défaire de son sourire poli et chaleureux, moi je suis prêt à vous en acheter.
     _ Vous ne connaissez même pas l'allure de mes tableaux, répliqua Lily dubitative sur son supposé talent. Vous ne pouvez être désireux d'acheter sans avoir vu !
    _ Je n'ai besoin de voir qu'une seule chose, lui assura James dont le regard s'était allumé d'une petite lueur que la rouquine ne remarqua pas. Dès que je vois le style du tableau, je suis fixé puisque le votre est si rare qu'il est impossible de ne pas vouloir acheter au moins une de vos créations.
    _ C'est vraiment aimable Mister Potter mais mes tableaux sont d’un niveau amateur et...ils ne sont de toutes façons pas destinés à la vente, ce sont des toiles personnelles.
    _ Hm, fit-il avec sa gorge, semblant réfléchir à toute allure pour trouver un autre argument pour la convaincre d'accepter. 
     _ Mais ne vous en faites pas, le rassura-t-elle en déballant sa réponse commerciale et machinale. Ici il y a plus de 12 artistes qui exposent leurs différentes toiles, il y a un large choix de formats et de styles. Vous trouverez forcément votre bonheur.

    _ Bien sûr que je vais trouver mon bonheur ici puisqu'il réside dans le fait de posséder un ou plusieurs de vos tableaux. S’il le faut, continua James avec un sourire espiègle, j’achèterai la totalité des tableaux ici pour que vous soyez en pénurie et là vous serez bien obligé de me vendre les vôtres. N’est-ce pas un plan génial ?
    _ Voyez-vous ça, s’esclaffa-t-elle en trouvant ce personnage de plus en plus particulier. Rien ne me fera plus plaisir !
    _ Dans ce cas alors, je vais rentrer chez moi et je reviendrai pour commencer à mettre en place mon plan diabolique. Il y a-t-il un numéro de Messager que je puisse avoir pour vous appeler si une question me vient ?
    _ Bien sûr, demandez-le à notre charmante hôtesse d’accueil, elle vous le donnera.
    _ Encore merci pour tout, Miss Evans. »

James tourna lentement le dos à la belle rouquine avant de laisser son sourire s'agrandir pendant qu'il remontait la monture de ses lunettes sur l'arête de son nez. Il avait enfin découvert le nom du mystérieux auteur des peintures murales qui l'avaient tant fait flasher.  Il était très heureux, ayant passé pas mal de temps déjà dans cette galerie à examiner chaque artiste qui y était exposé sans jamais retrouver la précision du trait ni la générosité des formes ou des couleurs de cette Miss. Ce que peignait Lily Evans était un petit pan de vie en lui-même et c'était fascinant. On aurait pu s'y projeter comme s'il s'agissait d'un endroit à la fois merveilleux mais surtout réaliste. Enfin bref, il adorait vraiment ce qu'elle arrivait à créer. Et dire qu'il n'avait vu que deux de ses "toiles", qu'allait-ce être s'il avait la chance d'en voir plus ? Le jeune Potter avait hâte de le savoir et il comptait bien réussir à faire céder la modeste artiste car il était très motivé.

Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que cette artiste était en plus une belle jeune femme. Il avait dans l'idée de tenter aussi à la connaître un peu plus personnellement, on ne savait jamais ce que le destin pouvait réserver et il ne voulait pas passer devant une occasion de rencontrer une belle âme sans la saisir - l'occasion, pas l'âme, bien sûr. Et puis, elle était vraiment belle, quand même, il fallait l'avouer.


Lily le regarda partir avec un certain soulagement. Ce James Potter était dérangeant. Inattendu. Cela la perturbait. Et elle avait dit la vérité, elle ne trouvait pas ses toiles exceptionnelles, loin de là. Elle était persuadée que s’ils ne vendaient que ses tableaux, il ne faudrait pas compter sur l’argent. Oui, bien sûr, elle aimait peindre et elle se rendait compte qu’elle était capable de peindre d’une manière très ressemblante à la réalité. Mais pour elle, ses toiles n’avaient pas d’originalité, ni d’âme. Et puis Remus lui avait bien dit que c’était une mauvaise idée de les exposer au grand public.
Lui, ne remettait pas en cause son talent, loin de là. Mais il lui avait quand même fait remarquer qu’elle était trop sensible, qu’elle mettait beaucoup trop d’elle dans ses peintures et que cela risquerait de la peiner plus que de mesure si jamais quelqu’un critiquait ce qu’elle faisait. Et tous les artistes avaient obligatoirement des détracteurs.
Alors elle peignait pour elle et puis aussi pour Remus qui était apparemment tombé amoureux de son passe-temps. Il lui demandait assez régulièrement l’autorisation de prendre ses toiles préférées et de les garder pour chez lui. Cela la flattait beaucoup.


La journée passa de manière laborieuse, le fait d’aider les visiteurs ne l’empêcha pas de devoir se battre avec ses démons intérieurs. Sa tristesse grandissait et elle ne cessait de ressasser l’abandon de Dereck pendant que son sentiment de honte devenait suffocant. Elle avait trouvé le moyen de gâcher l’amitié d’un ami qui lui faisait du bien et ce même après le départ du pianiste-chanteur. Elle était vraiment douée...

Chaque pas qui la menait vers son appartement étaient lourds. Qu’allait-elle faire seule, avec son désespoir ? Remus était apparemment absent, Sirius était devenu un problème et Dereck était encore une blessure à vif dans la chaire de son coeur.
Une fois dévêtue de son manteau couleur caramel, elle s’installa sur un moelleux fauteuil en véritable cuir rembourré qui se trouvait placé en face de son chevalet. Lily n’avait jamais compris le besoin des autres artistes de faire de leur atelier un endroit inconfortable. Bon, il était vrai que la rouquine n’avait pas d’atelier à proprement parlé et n’avait fait qu’aménager un petit coin de son salon. En tous cas, elle était heureuse d’avoir une assise où elle pouvait se sentir bien.
Mollement, elle prit son pinceau et le passa sur la toile vierge, le colorant d’un bleu lagon vif. Elle ne savait pas trop ce qu’elle avait envie de peindre ni comment elle allait le peindre ; la jeune femme essayait seulement de se vider l’esprit. Serait-ce le ciel ? L’océan ? Le pelage d’un animal extraordinaire ? L’iris d’une vélane ? Après tout, est-ce que cela importait vraiment ?

La sonnette de sa porte d’entrée se mit à claironner à maintes reprises dans tout son appartement, provoquant une brisure dans la délicatesse du trait qu’elle était en train de dessiner. Elle soupira de frustration d’avoir ainsi gâché sa ligne.
Qui était-ce ? Elle avait tout sauf envie de voir Sirius et cela pouvait très bien être lui. Il n’était pas du style à laisser les choses se faire, il allait plutôt aux devants des problèmes. Enfin, elle disait ça, mais savait-elle réellement qui il était ? Depuis hier, Lily se rendait bien compte qu’elle-même ne se connaissait pas vraiment.


  Chapitre 2                                                                                                           Chapitre 4 

Et voilà, James est arrivé ! Et oui, Lily n’y fait même pas attention, que c’est triste ^.^


Le temps du vote est terminé !

Lily devait faire un choix. Allait-elle faire semblant d'être absente de peur de tomber sur Sirius ou allait-elle affronter la personne qui se trouvai derrière cette porte, quelle qu'elle soit ?
1 -  Ouvrir la porte
 2 - Faire semblant 
[edit 20 Janvier 2013] Vous avez tranché, la suite a donc été écrite avec le choix n°1. 
Pour voter à nouveau, il faut se rendre au dernier chapitre publié.


1 commentaire:

  1. Bravo, très chouette chapitre Cassy, très bien pensé, très bien écrit !
    J'aurais choisi qu'elle ouvre la porte aussi.

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