mercredi 6 février 2013

Chapitre 25 - Une certaine vision des choses



          _ En tous cas, je suis soulagé que tout soit terminé, intervint le jeune loup-garou. Quand je vois comment d'une simple rencontre nous en sommes arrivé à frôler la catastrophe, je suis plus que content que nous soyons encore tous là.
          _ Je ne peux cependant pas m'empêcher de penser que c'est grâce à une erreur de taille de Douglas que j'ai compris que quelque chose clochait cette nuit-là. Cette pensée me hante. La pensée que ce n'est pas moi qui ai réussi à te sauver, Lily.
          _ Quoi ?! s'étonna-t-elle. Qu'est-ce que tu racontes ? Tu délires ?
          _ Mais non enfin, réfléchis ! Quand elle te possédait, pendant toutes ces années, elle prenait soin d'utiliser des sentiments, des souvenirs, des sensations t'appartenant à toi et uniquement à toi, ma Lily. Ainsi, quand tu voyais tes parents, ta soeur ou quand tu sentais ce sentiment de malaise par rapport aux insultes de Pétunia, tu ne prenais pas de recul, tu ne pouvais pas te dire « hey mais attends, ce n'est pas moi, ça ».
Alors qu'avec moi, Douglas a fait l'erreur d'utiliser la jalousie et la haine qu'elle a envers toi. Elle a plaqué ses sentiments sur moi, combinaison apportant des instabilités d'abord pour mon esprit lucide et ensuite pour mon inconscient. Le risque était encore plus grand vu que j'avais conscience qu'un Somnia Potestatem existait. Je remercie la chance, le destin, Merlin et qui vous voulez, qu'elle ait commis cette erreur. Mais je suis terrifié de penser qu'au final, je n'y suis pour rien dans ton sauvetage, Lily.

          _ Je ne peux pas te laisser dire ça ! s'exclama vivement la jeune femme. Crois-tu qu'il est donné à tout le monde de prendre conscience de pareilles choses en rêvant ? Bien sûr que non, j'en suis la preuve vivante ! Pas une fois en trois ans, je n'ai pensé que mes rêves pouvaient être étranger à ma volonté.
          _ Je viens de te dire que c'est parce qu'elle ne s'est plus contrôlée avec moi, s'entêta le Gryffondor.
          _ Ne viens pas me dire que c'est à cause d'une de ses erreurs que tu es venu me sauver d'une noyade dans le lac !

James se tut un moment ; cette fois, elle avait raison.

          _ Douglas n'était en aucun cas responsable du fait que tu sois levé à cet instant précis. Au contraire, si elle avait su, elle aurait tout fait pour t'occuper. Mais comment aurait-elle pu prévoir que j'allais avoir la chance monstre que tu lises ma lettre et que tu me sauves ? Cinq minutes plus tard et tu n'aurais rien pu faire pour moi.
          _ Ce n'est pas de la chance, répondit-il mal à l'aise, je dormais et puis j'ai... j'ai rêvé de ta noyade.

Une chape de silence s'abattit à l'annonce de cette révélation.

          _ Et bien, tu attends quoi ? Développe ! s'exclama finalement Sirius.
          _ Lily était dans une cage et elle ne me regardait pas. Moi je ne bougeais pas, je l'observais. Cette partie, je l'ai rêvée plusieurs jours de suite. Plus les jours avançaient, plus la cage était humide. Cette nuit-là, elle s'est finalement remplie d'eau et en plus, Lily était enchaînée. J'ai fini par réagir mais trop tard. C'est ce qui m'a forcé à aller près de la cheminée, une fois que je fus réveillé. Et par la force des choses, j'ai vu cette boite et cette lettre.
          _ Ça ressemble à un rêve prophétique, souffla Remus, visiblement intrigué.
          _ Supposons une seule seconde que tu as raison, dans ce cas pourquoi ai-je rêvé de cette cage pendant plusieurs jours, pourquoi pas seulement cette nuit ?
          _ On peut supposer que le danger se rapprochait.
          _ Ou alors la cage représentait le somnia potestatem qui m'emprisonnait dans mon choix. Pour moi, si j'avais ces horreurs de rêves, il était hors de question que je vive. Alors, à partir du moment où tu m'as repoussé plus froidement, j'ai réalisé que je t'avais fait du mal, que je m'accrochais à toi pour ne pas sombrer. Et comme je ne t'avais plus à mes côtés, j'ai décidé de me laisser aller et de tenter de disparaître.
          _ En fait, réfléchit tout haut Remus, c'est comme si les rêves de James étaient une sorte d'indication de ton état.
          _ Ça pourrait se tenir, souffla la jeune femme rousse d'un air concentré. Et ça expliquerait même mon propre rêve, juste après qu'elle m'ait étranglé, là aussi mon rêve m'informait de l'état de James. Il était en danger, il allait être tué par Stella.
          _ Et toi aussi tu étais en danger, tu allais être tuée par le lac, par ta noyade.
          _ En fait, vous êtes une alerte à galères l'un pour l'autre, résuma Sirius.
          _ Attendez avant de crier au loup, des rêves de Lily j'en ai fait des tas depuis que la connais !
          _ Oui mais ne sens-tu pas la puissance surnaturelle qui ressort uniquement de certains rêves ? Depuis une dizaine de jours, je fais des rêves normaux, ça ne m'était pas arrivé depuis des lustres ! C'est tellement différent. Je ne sais pas comment vous l'expliquer mais quand j'ai fait ce rêve à propos de toi James, je sentais de la magie, de la concrétisation. Tout comme je sentais de la magie dans mes horribles possessions. Forcément.

          _ C'est trop subtile pour moi, déclara James, je n'ai pas été suffisamment soumis à des rêves magiques.
          _ Finalement moi aussi je suis devin, j'avais bien prédit que ce couple serait dingue et romantique , blagua Sirius.
          _ Le pire c'est que ça paraît dingue mais que je ne vois pas d'autre solution. Comment pourrait-on expliquer que James arrive pile poil au bon moment pour la sauver juste après un rêve et que Lily en fasse de même un peu plus tard dans la nuit ?
          _ Effectivement, il ne reste plus beaucoup d'explications à part celle-là.

Lily et les trois maraudeurs restèrent silencieux pendant plusieurs minutes, retournant les faits chacun dans leur tête.

Soudain, le docteur Colton et le professeur Dumbledore apparurent ensemble et se dirigèrent vers le petit groupe d'étudiants. Ils se saluèrent tous et Dumbledore précisa les raisons de sa présence.

          _ Je viens tout d'abord voir comment se porte notre jeune Potter. Vous savez, j'ai rarement vu des guérisons aussi spectaculaires que la vôtre. Et c'est le second point qui m'amène à vous. Je pense pouvoir vous expliquer le pourquoi du comment de toute cette histoire. À l'aide du docteur Colton, qui est un homme suffisamment intelligent pour croire aux exceptions, nous avons percé le mystère de cette incroyable expérience. Tout du moins, c'est ce que nous espérons.
          _ C'est assez dur de voir les choses autrement, ajouta l'homme en blouse blanche, les preuves convergent toutes vers cette hypothèse.
          _ Quelle est donc cette hypothèse ? demanda Lily d'un air sérieux qui soulignait la beauté de son doux visage.
          _ Nous pensons que vous vous êtes liés d'une manière magique puissante. Grâce au sort de l'Union.
          _ L'Union ?! s'écria James, incrédule. Vous parlez bien de ce sort ancien, d'une complexité infinie qui requiert d'apprendre une magie tellement vieille qu'elle n'est plus enseignée dans les écoles ?! Cette même magie qu'on n'étudie plus que dans les livres d'histoire ?
          _ Je sais bien Monsieur Potter. J'ai été aussi stupéfait que vous. Mais connaissez-vous d'autres sorts qui permettent de percevoir l'état de danger d'une personne ?
          _ J'ai d'ailleurs été témoin de l'utilisation de ce sort pour la fabrication d'une horloge, raconta le directeur de Poudlard, se rappelant sûrement d'un souvenir agréable aux vues du sourire qu'il affichait. Un vieil ami à moi l'avait construite pour sa femme, qui s'inquiétait sans cesse pour leurs nombreux enfants. C'était un sorcier puissant et un homme très amoureux. La combinaison la plus belle et la plus forte qui soit. Il a lancé un sort d'Union tout d'abord sur sa femme, puis sur tous ses enfants. Il fut alors prévenu de tous les dangers qui pouvaient arriver à sa famille. C'était impressionnant. Une connexion s'était crée entre eux. Ils se comprenaient si bien. Je n'ai jamais vu plus joli cas d'amour de toute ma longue vie. Puis finalement, il réussît à transférer ces liens vers l'horloge. Il mit des années mais il y arriva. Ainsi, sa femme n'avait plus qu'à regarder les aiguilles de l'horloge, chaque aiguille représentait un membre de la famille et indiquait sa situation géographique ainsi que le plus important, s'ils étaient en danger de mort.

          _ Mais enfin, Monsieur Dumbledore, je n'ai jamais lancé de tel sort sur James ! Tout d'abord car je ne connaissais pas l'existence d'une telle magie et puis j'en suis totalement incapable, je ne suis pas assez douée.
          _ Il en est évidemment de même pour moi, ajouta James.
          _ Nous le savons bien, répondit le vieil homme aux lunettes en forme de demi-lune. Et bien que votre capacité à douter de vos dons respectifs me fait sourire, nous avons aussi pris en compte le fait que vous n'avez pas pu consciemment en arriver à un tel stade en si peu de temps. Mais n'oubliez pas que ce n'est pas parce que l'on ne saurait expliquer comment cela arrive, que cela ne produit pas. Dans les premières années de la vie humaine, qu'elle soit moldue ou sorcière, nous ne savions pas expliquer pourquoi de l'eau tombait du ciel. Cessait-il de pleuvoir pour autant ? Il me semble que non.

La démonstration ne permettait aucune objection. Petit à petit, l'idée germa dans la tête de James. Se pourrait-il, réellement, qu'il soit lié à Lily, magiquement, puissamment, on pourrait presque dire, divinement ?! L'idée était si charmante. Pouvoir protéger son amour de la manière la plus efficace qu'il soit. Entrevoir le futur non pas pour des choses futiles, uniquement pour lui assurer une belle vie.

          _ Comment l'expliquer, alors ? demanda Remus, apparemment pris de passion pour cette histoire.
          _ Eh bien, entama Colton, il existe toujours un lien entre le lanceur de sort et celui ou ceux qui sont affectés par ce dit sort. C'est aussi une des raisons qui nous empêche de lancer un sort sur de trop nombreux individus. Il faut énormément de puissance pour arriver à conserver un lien suffisant avec plusieurs personnes. Quand Miss Evans a lancé le sort de vision déformée sur les lunettes de Mister Potter, elle a bien spécifié qu'elle souhaitait que ce soit un sort exclusif, qu'il ne réagisse qu'à la magie de Mister Potter. Autrement dit, elle a optimisé le lien entre le lanceur et le receveur. Par la suite, en réactualisant ce sort, nous sommes en mesure de penser qu'elle a continué à entretenir l'intimité de ce lien magique. Enfin, je ne peux que m'incliner devant le fait que l'amour doit être une autre des causes de cette métamorphose de sort.

          _ Les plus grands chercheurs s'accordent sur le fait que l'amour, le pur, le vrai, soit un lien magique en lui-même. compléta Dumbledore avec un sourire bienveillant. Un lien qui permet de réaliser des choses exceptionnelles.

James vit les joues de Lily prendre une teinte littéralement cramoisie et ce, malgré le fait qu'elle ait baissé la tête, honteuse, à l'évocation du sort de vision déformée. Le jeune homme ne devait d'ailleurs pas être en meilleure posture car malgré toutes ces années à clamer haut et fort son amour pour la jeune femme, l'entendre de la part de son directeur d'école était quelque chose de...gênant.

          _ Donc si je résume, souffla le jeune loup-garou abasourdi, Lily est victime d'un somnia potestatem depuis l'âge de ses quatorze ans. Pensant en premier lieu que c'est James l'auteur de ses malheurs, elle passe un marché avec lui à la fin de la sixième année pour s'assurer qu'il ne s'approchera jamais plus d'elle. Puis, quelques mois plus tard, se rendant compte qu'il n'y est pour rien, elle lui lance un sort de vision déformée pour attirer à nouveau son attention. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que petit à petit, elle est en train de créer un lien ultra puissant avec James. Tout ça parce qu'ils s'aiment. D'une manière sincère. Et c'est ce sort d'Union, crée à cause du somnia potestatem, qui aidera à sortir Lily de la possession de ses rêves et d'en découvrir l'auteur, Stella Douglas. On pourrait même pousser la conclusion au fait que ce soit Douglas qui soit victime de sa propre perte en essayant de séparer deux êtres qui devaient s'unir, en tentant de détruire un véritable amour.
          _ Waouh, Lunard, résumer la vie comme ça, si facilement, tu devrais en faire ton métier ! conclut Sirius épaté.





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