Après qu'il fut
examiné sous toutes les coutures, James retrouva ses deux meilleurs
amis tout en tenant toujours aussi fermement Lily contre lui. S'il
n'avait jamais compté la lâcher, c'était à présent pire : il ne
pouvait tout simplement plus être séparé d'elle.
_
Ça fait plaisir de te retrouver animé, si tu savais ! s'exclama
Sirius encore plus fou-fou que d'habitude.
_
Moi aussi ça me fait plaisir, je ne sais pas pourquoi ! plaisanta le
jeune Potter, la voix à présent presque revenue à la normale. Il
soupçonnait la fameuse potion du docteur Colton d'y être pour
quelque chose.
_
Tu avais l'air si perdu quand tu t'es réveillé, fit remarquer
Remus, tu vas mieux maintenant ?
_
Pour être franc, pas vraiment. J'ai énormément de question. Quelle
année sommes-nous ? Qui suis-je ? Où suis-je ? Qu'ai-je fait pour
me retrouver ici ? Qu...
_
Laisse-nous déjà répondre à ces questions là avant d'en poser
d'autre, le coupa le jeune lycanthrope en souriant. Tu es James
Potter, fils d'Élisabeth et Charles Potter. Tu te trouves à
Poudlard, la fameuse école de sorcellerie. Nous sommes le Mardi 2
Juin 1970, ce qui correspond à ta septième année.
_
Ma septième année ?! s'exclama-t-il. Je suis si jeune que ça ?
Une chose était
déjà rassurante, tout ce qu'il connaissait de son enfance et de sa
vie jusqu'à sa septième année était la réalité. Un poids
s'envola de ses épaules ; il savait qui il était.
_
Tu es encore persuadé d'être marié et d'avoir 27 ans, examina
Lily. Remarque, ça se comprend, moi-même en étant consciente, j'ai
mis du temps à me reconnecter à la réalité. James, nous ne sommes
pas mariés et nous n'avons pas d'enfant. Nous... ne sommes même pas
encore sortis ensemble.
Elle baissa les
yeux, rouge comme une adorable petite tomate-cerise. Il avait très
bien entendu le « encore » et ce simple petit mot provoquait une
explosion de joie au creux de son cœur.
_
Je n'en reviens pas que vous ayez fait le même rêve tous les deux,
soupira Sirius. Vous êtes louche, c'est rien de le dire !
_
Que te rappelles-tu de ta septième année, James ? questionna Remus
après avoir légèrement ri à la phrase de son ami.
_
Et bien, souffla-t-il en pleine réflexion, je me souviens vaguement
de l'année entière sauf les derniers mois. Je n'arrive à me
rappeler plus loin qu'Avril. En fait, entre Avril 70 et Octobre 81,
je n'ai que trois souvenirs. Et vous venez de me dire que ce n'était
que des rêves.
_
Quel est ton dernier vrai souvenir, alors ?
_
Le Dimanche où Lily est venue me rendre visite au beau milieu de la
nuit, en pleurs. On est resté dans le dortoir jusque dans
l'après-midi, puis je suis allé faire du Quidditch. Vous êtes venu
me chercher pour que j'aille dîner en votre compagnie. Ça s'arrête
là.
_
C'est aussi le jour où je vous ai présenté Douglas, fit remarquer
la belle Evans.
_
Douglas, qui est-ce ? Pas un prétendant, j'espère ! grogna-t-il, la
jalousie tiraillant son ventre.
Elle pouffa
légèrement et secoua la tête.
_
Stella Douglas, James ! Je... Je fais de nombreux rêves monstrueux
depuis mes quatorze ans. Je pensais être une folle dégénérée
pour rêver de ce genre d'horreur mais tu as découvert qu'il
s'agissait d'une torture mentale qu'on exerçait sur moi pour
anéantir notre potentielle relation. Ce « don », qui s'appelle le
somnia potestatem, consiste à entrer dans les rêves de la personne
possédée et à faire vivre des scénarios et des sentiments
choisis. Stella Douglas posséde le somnia potestatem.
Aux instants où
les deux mots latins furent prononcés, tout s'imbriqua dans l'esprit
de James à une vitesse fulgurante. Les éléments se mirent à leur
place respective ; il recouvrit la mémoire.
_
Stella Douglas, grogna-t-il, les dents serrées et le regard
ombrageux. Elle a failli te tuer à de nombreuses reprises. C'est une
folle à lier. Je tiens à m'excuser auprès de toi Lily, j'avais dit
qu'on te protégerait et ce n'est pas ce qui est arrivé...
D'ailleurs, comment a-t-elle fait ? Vous ne montiez pas la garde,
vous deux ?
_
Bien sûr que si, répondit le ténébreux Black, pour même tout
avouer, je suppliais Lunard de faire un pari avec moi sur le temps
que tu mettrais à te remettre avec Lily...Hey, ne me regarde pas
comme ça, cocotte ! Parier, c'est aussi essentiel et naturel que
respirer, on ne peut pas m'en vouloir !
Il reçut un coup
derrière la tête de la part de la fameuse « cocotte ». James se
mit à rire sous cape ; il appréciait Sirius pour ça aussi, même
dans les conversations pesantes, il arrivait à mettre une touche de
légèreté.
_
Enfin bref, continua Remus, toujours est-il qu'on vous surveillait
tous les deux quand on a entendu quelqu'un frapper à la porte. On
s'est levé prudemment et on a demandé qui était là. Elle s'est
évidemment identifiée et nous avons bêtement baissé notre garde.
_
De plus, compléta Patmol, elle n'arrêtait pas de nous dire «
pitié, laissez-moi voir James, je veux me faire pardonner pour mon
mouvement de colère, je ne peux pas supporter de le fâcher, vous le
savez ». Elle nous gonflait tellement qu'on lui a ouvert. Elle s'est
jetée dans mes bras puis dans ceux de Rem' pour nous remercier. On
s'est endormi direct après avoir été enlacés.
_
On s'est vraiment fait avoir en beauté, soupira Lupin, une ride de
culpabilité lui barrant le front. On ne l'a pas soupçonnée pour
deux raisons : elle faisait partie de notre ''entourage'' et en plus,
c'était une jeune femme frêle, petite et toute gentille
d'apparence, pas du tout l'image du coupable que je me faisais. Je me
suis réveillé sûrement deux secondes après ma possession et bien
sûr, impossible de bouger, j'étais bloqué par un Petrificus
Totalus. On se trouvait maintenant dos au lit de Patmol, en face de
ton lit à toi, James. Sirius, lui, était encore endormi à ce
moment-là.
_
Pourquoi ne vous a-t-elle pas gardé ensommeillés tous les deux ?
questionna à voix haute James, un air d'intense réflexion sur le
visage.
_
Elle ne peut pas tenir deux personnes dans un état de sommeil
artificiel, c'était juste une technique pour qu'ils ne se défendent
pas lors de la lancée du sort, répondit la jeune femme. Elle ne
peut s'occuper que d'un cas à la fois.
_
Maintenant que j'y pense, souffla le jeune Potter, j'aurais dû
remarquer que tu t'étais évanouie juste après qu'elle t'ait
touché, cette journée d'Avril où on a dû t'amener à
l'infirmerie. Elle n'a pas lâché ta main par la suite. La sale...
elle jouait la comédie, elle mimait les pleurs d'une torture
qu'elle-même faisait subir... Comment pouvait-on la soupçonner ?
_
Ça pour faire semblant, elle est redoutable, ajouta sombrement Lily.
Quand je pense à toutes ces années de cohabitation avec elle, à se
parler, à partager le même dortoir...
_
Tiens, en parlant de ça Lily, j'ai une question qui me vient à
l'esprit. Pourquoi n'as-tu pas dormi dans la chambre de notre
appartement ? Il est réservé aux préfets et aux peu de personne à
qui on donne le mot de passe.
_
Tout simplement parce que quand j'essayais de dormir là-bas, mes
cauchemars étaient encore plus intenses. Ils me poussaient à partir
de cette chambre. Que pouvais-je faire ? Je ne voulais en parler à
personne, j'étais tellement honteuse et persuadée qu'aucune
personne sainte d'esprit ne voudrait me croire. Je me suis donc
réinstallée dans la tour Gryffondor. Je n'arrive pas à savoir
comment elle est venue dans ma chambre de préfète, je n'ai donné
le mot de passe à aucun élève.
_
Forcément, dans ton dortoir, c'est plus facile d'avoir la main sur
toi. Tu es bien plus accessible, analysa James. Récupérer un mot de
passe est loin d'être impossible surtout avec un pouvoir pareil.
Mais elle devait être plus à l'aise dans le dortoir.
Après un petit
moment de silence, James reprit les questions sur les événements de
cette fameuse nuit avant son long sommeil. Lui, ne se rappelait que
des rêves marquants qu'il avait fait ; il voulait savoir ce qu'il
s'était passé en réalité, pendant ce temps-là.
_
Après que cette pauvre folle vous ait pétrifié, que s'est-il passé
?
_
Elle s'est dirigée vers le lit de Peter, répondit gravement Remus,
et l'a aussi pétrifié. Puis elle s'est penchée vers toi, James, en
t'agrippant fermement l'épaule. À ce moment là, j'ai vu les yeux
de Sirius s'ouvrir. Elle était donc entrée en possession de tes
rêves. Tu as commencé à te redresser, tu t'es positionné sur
Lily, la surplombant puis tu as mis ses mains autour de son cou.
Un frisson
d'effroi parcourut l'échine du jeune étudiant. D'accord, il n'avait
pas été lui-même, mais comment ne pas se sentir horriblement mal
de savoir que vos propres mains ont essayé d'enlever la vie à
quelqu'un ? Quelqu'un que vous aimez, qui plus est.
_
Tu as serré tes mains, poursuivit-il, et au bout de quelques
secondes, Lily s'est réveillée. Elle a commencé à se débattre
mais bien sûr tu étais plus fort. Douglas n'arrêtait pas de
chuchoter des choses à ton oreille et je l'ai même entendu rire.
Elle se lâchait complètement, plus les secondes filaient, plus elle
parlait fort et tremblait d'excitation.
_
J'ai eu une de ses frousses, avoua Sirius avec un air grave qui lui
était peu familier. J'ai vraiment crû que tu allais tuer Lilounette
; tu avais l'air si furieux. Puis, finalement, vous avez échangé un
regard tous les deux et quelque chose a changé en toi, comme si un
doute s'était insinué dans ta tête. Ça t'a fait reculer puis
lâcher prise et tu es tombé de ton lit. Douglas s'est cachée
derrière les rideaux de mon lit dès qu'elle t'a senti te réveiller
puis elle t'a piégé en t'attrapant le cou par derrière. Du coup,
tu es retourné dans une autre possession. Je ne sais pas si elle
était fatiguée mais elle semblait avoir besoin de plus de force
pour cette dernière prise de rêve car elle ne t'a plus lâché,
elle avait les sourcils froncés et un air de concentration intense
sur le visage.
_
Elle comptait me faire rester plus d'un siècle dans mon rêve,
informa James, rageant rien qu'en imaginant la torture de Lily
pendant ces trois dernières années. Histoire de me convaincre
qu'évidemment, il fallait que je la choisisse ELLE, que Lily était
nocive pour moi...
_
À ce moment là, le seul espoir qu'il nous restait était Lily, la
seule que Douglas avait négligée. Pensant sûrement qu'elle se
ferait vite étrangler par toi, elle n'a pas pris la peine de la
plonger dans un quelconque rêve. Par contre, ''tu'' y étais allé
fort et j'ai bien cru qu'elle ne pourrait pas se réveiller.
_
Oui mais voilà, j'ai trouvé la force de me battre, souffla la jeune
femme émue, les yeux ancrés dans ceux de son héros. J'ai senti un
danger immense au plus profond de mon cœur et ça m'a fait comme un
électrochoc. J'ai ouvert les yeux, ma gorge me brûlait et l'air me
manquait mais je me suis surtout fixée sur Stella qui te
surplombait, te possédant, t'arrachant à la vie. J'étais folle de
rage, encore plus en sachant que c'était indirectement par ma faute
que tu te trouvais en danger de mort. Je n'ai pas plus réfléchi, la
seule nécessité c'était de l'arrêter. Alors, j'ai pris ce que
j'avais sous la main _
en l'occurrence le bougeoir sur ta table basse _
puis je l'ai levé au-dessus de ma tête et j'ai frappé celle de
Douglas avec. Je me souviens de m'être écroulée sur elle puis
après, plus rien.
_
Tu m'as sauvé la vie, murmura le jeune homme à lunettes, fier
d'être amoureux d'une femme si battante. Car, pendant ce temps-là,
je me battais mentalement avec elle et comme je te l'avais expliqué
plus tôt, combattre une possession est très dangereux. Mon esprit
n'a d'ailleurs pas très bien apprécié. Je ne sais pas si j'aurais
pu survivre au combat sans ton intervention.
_
Tu as tant veillé sur moi, il fallait bien que je rattrape mon
retard, murmura-t-elle émue, tout essayant de sourire.
Il détourna les
yeux presque à contre-cœur de sa jolie Lily et demanda qu'on lui
conte la suite des événements.
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