Chapitre 22 - Une certaine vision des choses

Merveilleuse. C'est le mot qui lui venait en tête quand il va voyait, si femme, si belle. Ses longues et soyeuses boucles de cheveux descendaient en cascade et entouraient ce corps qu'il avait si souvent enlacé et aimé et qu'il espérait encore chérir pour le reste de sa vie.

Ce même corps qui prenait des formes de plus en plus désirables et délicieuses. Cette même femme qui le rendait fou de joie.

Il effleura son bras gauche puis ses côtes avant de s'attarder sur ses hanches desquelles il fit glisser le drap en satin. Il céda à l'envie qui le tenaillait depuis qu'il avait commencé sa contemplation et se colla à son corps chaud et si doux. Doucement, pour ne pas la réveiller, sa main chuta de ses courbes pour venir frôler ses seins et surtout son ventre. Chaque fois qu'il la caressait, une impérieuse envie de la faire sienne faisait accélérer son cœur et ravageait son être. C'était par pure bonté qu'il s'empêchait de se jeter sur ses lèvres pour la couvrir de baisers amoureux et sensuels ; il fallait que sa tendre femme se repose, il le savait. Cet état de fait n'empêchait cependant pas l'envie de venir, ni les frissons de parcourir son échine.

Cela faisait trois mois que sa magnifique épouse lui avait avoué qu'elle portait peut-être un petit Potter dans son adorable ventre. Le bonheur l'avait submergé et c'était encore plus intense au fur et à mesure que les mois avançaient et que l'idée se faisait plus concrète et plus effrayante aussi. Le futur papa apprenait à s'apaiser et à prendre ses responsabilités au lieu d'effrayer sa pauvre chérie qui était déjà assez paniquée comme ça. Il savait qu'avec l'amour de sa vie, il pourrait construire une jolie famille, malgré tout. S'il n'y croyait pas, personne n'y croirait pour lui, il avait fini par le comprendre.

James allait donc veiller sur sa dulcinée ainsi que sur leur futur enfant, pour que leur rêve d'une vie heureuse se réalise. Voilà pourquoi cela faisait quelque temps qu'ils avaient emménagé dans un quartier discret et qu'ils avaient soumis la maison au sort du Fidelitas. Le jeune homme avait décidé, au dernier moment, de nommer Peter comme gardien, choix stratégique car étonnant. Personne n'était au courant à part Lily, Peter, Sirius et lui-même ; le changement s'était fait à la dernière minute et il n'avait même pas parlé du changement à Remus. James ne savait pas trop s'il devait lui avouer, ce qui mettrait sa vie déjà suffisamment compliquée comme ça, en danger.

Ce n'était pas grande chose, mais il ne voyait pas comment il pouvait protéger sa famille autrement.

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Ses lèvres bougeaient avec passion contre les siennes, il profitait sans aucune vergogne de sa poigne pour la garder contre lui et laisser exploser les sentiments qui débordaient de son coeur.

          _ Chéri... Le petit... Il faut le border... souffla la jeune femme entre deux baisers.

          _ Je suis sûr qu'il a hérité de ma patience, assura James avec conviction en caressant les hanches de sa femme plus intensément.

          _ Ta patience, où ça ? rigola-t-elle en se dégageant doucement de l'étreinte de son mari.

          _ Bon d'accord, là, j'avoue que je ne suis pas patient.

Sa flambante rousse grimpa les escaliers en lui lançant un dernier regard rieur avant de disparaître à l'étage.

          _ Mais tu ne perds rien pour attendre, ma douce, ajouta-t-il pour lui-même en souriant.

James débarrassa la table du dîner avec hâte ; il avait envie de les rejoindre, pour border et veiller sur son petit bout de chou qui avait fêté sa première année de vie il y a trois mois ainsi que pour sauter sur sa délicieuse tigresse qui l'avait laissé outrageusement en plan. Si les temps n'avaient pas été si rudes, il aurait demandé à Tonton Sirius de garder leur mini maraudeur pour aller faire des folies avec Lily dans des îles paradisiaques et lointaines.

Un bruit assourdissant de fracas rompit l'ambiance chaleureuse du moment et les sens de James se mirent en alerte. Instinctivement, il chercha sa baguette du regard et la localisa à une dizaine de mètres de lui. Seulement, avant qu'il ait pu faire deux pas, des hommes encagoulés l'encerclaient.

          _ James ! Que se passe-t-il ?! cria la voix paniquée de sa moitié.

          _ Chérie, va-t'en ! Protège Harry ! hurla-t-il à son tour.

          _ Mais... Et to...

          _ Ne discute pas ! Je t'aime Lily !

Un des mangemorts lui envoya un coup de poing dans le ventre et il eut juste le temps de lui rendre la pareille avant de tomber à terre. Il voulut se relever pour continuer à se battre coûte que coûte mais une douleur fulgurante traversa son corps, l'empêchant de faire quoi que ce soit.

          _ Potter... Mon cher Potter... Décidément, on n'arrête pas de se croiser, s'exclama une voix sifflante d'un ton glacial.

          _ Espèce de... souffla-t-il difficilement, serrant les dents aussi fort qu'il pouvait pour s'empêcher de crier ; si jamais Harry entendait son père hurler, il y avait de fortes chances qu'il se mette à pleurer aussi.

          _ Allons, allons, c'est comme ça que tu m'accueilles dans ta demeure ? Où sont passé tes origines de Sang Pur, dis-moi ? Ah mais oui, j'avais oublié, tu t'es marié à une Sang-de-bourde !

James agonisa de douleur tout juste après cette phrase. Il essaya de garder l'esprit clair et se de concentrer sur sa jolie Lily et son petit bonhomme.

          _ Écoute Potter, si je m'amuse à te garder en vie pour le moment, c'est parce que je n'ai pas la patience de faire une partie de cache-cache avec ta famille impure.

          _ Allez au diable ! Jamais je ne vous vendrais ma famille !

          _ Même pas si je te laisse la vie sauve ? En tant que tel, tu ne me gênes pas, tu pourrais même devenir mangemort, tu as de bonnes compétences de combat et d'infiltration. Par contre tu devrais tuer ta sang-de-bourde et ton bâtard pour nous prouver ta bonne foi.

          _ Espèce de salaud ! souffla-t-il en ses dents.

          _ Très bien, comme tu voudras. Heureusement que ton cher ami Peter a été plus malin que toi. Je dois dire que les trouillards me rendent bien service.

Une pointe glacée de trahison se planta dans son cœur et une haine immense s'empara de lui. Tout ça ne serait pas arrivé si Sirius avait été leur Gardien du Secret.

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Lily se tenait entre le berceau où Harry pleurait à chaudes larmes et Voldemort, l'air furieux.

          _ Laisse-moi passer, sang-de-bourbe ! Je commence à perdre ma patience !

          _ Non, vous n'aurez pas Harry !

James essaya d'intervenir mais son corps était entravé. Il hurla mais personne ne semblait le voir ni l'entendre.

          _ Vous êtes fatiguant à protéger cette horreur de la nature...

          _ Prenez-moi à sa place ! tenta-t-elle.

Le mage noir éclata d'un rire moqueur et souffla narquoisement un « pas de problème » cruel.

James le vit pointer sa baguette sur l'amour de sa vie et deux secondes après que l'éclair vert l'ait touchée, elle s'écroula au sol dans un bruit sinistre.

Les larmes montèrent aux yeux du jeune Potter et son cœur se broya instantanément.

          _ À nous deux, le monstre ! siffla Voldemort. Tu es une vraie vermine, je ne sais même pas pourquoi je me donne tant de mal, peu importe ce que dit la prophétie, tu es faible, innocent et complètement idiot. Mais je ne laisserais personne se mettre en travers de mon chemin !

Un autre jet de lumière magique verte frappa de plein fouet le berceau de son fils tandis que James criait à la mort.

Un écran éclatant aveugla sa vision et une secousse fit bouger son corps. Puis, l'écran se fit engloutir par le néant.

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Le néant se fit à nouveau progressivement remplacer par une source lumineuse. Peu à peu, d'autres couleurs firent leur apparition ainsi que des formes. Le cocon dans lequel il était se désépaississait peu à peu et une silhouette apparut puis deux et finalement cinq. Il cligna encore plusieurs fois des paupières, essayant de remettre ses idées en place. Sa jolie femme, tremblante, lui caressa le visage lentement, provoquant une chaleur apaisante en lui. Pourquoi ne tenait-elle pas leur fils dans ses bras ? Une vague d'angoisse monta en flèche et alla serrer son cœur. Et puis comment Lily avait-elle survécu au sortilège de la mort ? Les questions lui brûlaient les lèvres mais il n'avait pas la force d'énormément bouger les muscles de sa bouche.

          _ James, tu m'entends ? demanda la voix chevrotante de Lily.

Il répondit d'un « oui » à peine audible et rocailleux qui illumina cependant les prunelles de sa dulcinée.

          _ Je peux le toucher, l'enlacer ? demanda la jeune Gryffondor, fébrile.

          _ Miss Evans, vous l'avez fait tout le temps où il était endormi, je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous le fassiez maintenant. Allez-y tout de même doucement, conseilla un grand homme blond à la voix très grave qui devait sans doute être un médicomage.

Le jeune homme fronça les sourcils, se demandant pourquoi diable cet homme appelait sa femme par son nom de jeune fille.

Les bras de Lily se refermèrent prudemment autour de lui et une chaleur familière traversa chaque centimètre de sa peau frissonnante. Il s'émerveilla de sentir comment ses muscles se détendaient en sa présence, comment son cœur réagissait au sien et que tout en elle l'appelait à la serrer à en perdre le souffle.

          _ Harry... Notre fils... arriva-t-il à souffler près de son oreille.

          _ Harry ? répéta-t-elle en état de choc. Tu... toi aussi ?!

          _ Euh Lily, tu es peut-être un peu perdue avec toutes ces émotions mais lui, c'est James, informa doucement Sirius, quelque peu inquiet du comportement de sa nouvelle amie.

          _ Banane ! J'ai toute ma tête et je sais que c'est James ! Mais j'ai fait un rêve très particulier aujourd'hui et... J'étais mariée avec James et nous avions un fils, Harry.

La craquante rougeur de ses joues n'avait cessé d'augmenter au fur et à mesure qu'elle dévoilait son rêve.

Rêve ? Ce mot sonnait étrangement à ses oreilles. Alors, selon elle, ils n'avaient pas vraiment vécu cette nuit d'horreur ? Mais selon sa phrase, ils ne semblaient même pas avoir vécu leur mariage, ni même la naissance d'Harry. En y réfléchissant, il ne se souvenait pas de comment il s'était marié, ni comment elle avait accouché. Les seules choses dont il se souvenait, c'était de cette matinée dans leur lit et cette nuit affreuse. Cependant, il savait qu'il s'était marié avec Lily Evans, il savait qu'ils avaient un fils et il savait même qu'il avait quinze mois. En fouillant un peu plus, James se rendit compte qu'il savait tout de sa vie mais ne se souvenait de rien sauf de ces deux moments. Tout était si confus.

Peter n'était pas présent et vu la traîtrise qu'il venait de commettre, c'était logique. Alors comment se faisait-il qu'il n'était pas là s'il n'avait rien à se reprocher, si ce n'était qu'un rêve ?

Dumbledore était présent, chose quelque peu étonnante. Peut-être devait-il lui délivrer des informations rapport à Voldemort, Harry ou l'Ordre du Phoenix ou alors, il avait été dans un grave coma de plusieurs années ? Non, Lily, Sirius et Remus paraissaient encore vraiment jeunes.

Une seule personne lui était totalement inconnue, c'était un grand homme blond avec une carrure imposante. Cependant, cela n'étonna pas James car vu sa longue veste blanche, il devait s'agir du médicomage, il était donc normal qu'il ne le reconnaisse pas.

Le médicomage lui tendit un verre rempli d'une potion peu avenante qu'il avala tout de même sans rechigner. Il fallait dire que cet homme avait une aura qui vous mettait en confiance directement ; on avait l'impression d'être soigné par une âme bienveillante.

          _ Ne vous inquiétez pas Mister Potter, vous aurez le droit à des explications mais avant tout, mon équipe et moi-même allons vérifier si tout fonctionne bien chez vous.

          _ Peut-on rester, s'il vous plaît ? questionna Sirius.

          _ Je suis désolé mais je pense qu'il vaut mieux que Mister Potter soit seul, histoire de faire le vide dans son esprit.

Instinctivement, le jeune homme attira sa douce chérie plus près de lui, y mettant toute la force qu'il avait à sa disposition. Lily scruta alors ses yeux, essayant de déchiffrer le message qu'ils faisaient passer. Et effectivement, il avait un message à passer, il ne voulait pas que Lily s'en aille, il avait eu bien trop peur de la perdre et l'image de son corps inanimé s'écroulant sur le plancher de la chambre du bébé était encore vivace dans son esprit.

          _ Je vais rester, déclara doucement mais fermement la jolie rousse sans lâcher James du regard. J'ai réussi à l'aider jusque-là, ce serait idiot de risquer une détérioration de son état sous prétexte qu'il faudrait le laisser seul.

Sa déclaration eut l'air de faire effet et ce fut Sirius qui rompit le silence en éclatant de son rire canin si particulier.

          _ Dis donc James, elle a du caractère, ta tigresse !

James hocha la tête en souriant, heureux de retrouver ses amis et leurs attitudes, leurs expressions et leurs rires.

          _ Bien. Malgré le fait que ce n'était pas pour une éternité, précisa l'homme blond en souriant, nous allons donc simplement demander à Mister Lupin et Black de sortir d'ici.

Le jeune Potter regarda ses amis s'en aller après une accolade brève mais pleine d'émotion. Par la suite, il ancra son regard dans celui de Lily et ne se détourna plus. Il laissa les médecins s'affairer sur lui, se concentrant sur l'amour de sa vie, simplement lui. Le Gryffondor avait hâte que ces examens soient finis ; il voulait des explications.